L'histoire :
Pendant qu’au Sahara, l’opération Gerboise semble avoir tourné court, Serge Nestor remonte la rivière Noire vers les hauts plateaux du Tonkin, à la recherche de Papillons Imperialis carnivores ! Au même moment, à Paris, au ministère de l’Intérieur, François Mitterrand convoque une cellule de crise sur d’étranges phénomènes qui semblent relier l’opération Gerboise et de dramatiques et mystérieux évènements à la frontière nord de la Cochinchine. Après avoir été confronté à des situations pour le moins inhabituelles et difficilement explicables – comme l’apparition de morts-vivants que les vietnamiens nomment Ma Qi – le journaliste de France-Soir et le capitaine Bigeard, accompagnés du photographe reporter Robert Capa, sont de retour vers la civilisation. Ils profitent de l’occasion pour mettre à mal un laboratoire d’opium. A peine remis de leur expédition, ordre est donné à la Légion de sauter en pleine jungle sur un Temple et de sceller à jamais les portes de cet édifice qui, selon les légendes locales, constitue un passage entre deux mondes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Issu de la collection Série B de Delcourt, Le Grand Jeu mélange allègrement cadre historique divergeant- fantastique-ésotérique et épopée guerrière, en une uchronie sans prétention qui se joue des situations et des personnages historiques avec désinvolture. Tout l’art de la bonne uchronie consiste à rendre un passé improbable… Plausible. Et à cet exercice, Jean-Pierre Pécau excelle. Le Roi Dragon comme Indochine s’ancrent dans une Cochinchine de cinéma, avec ses claques, ses fumeries d’opium, son Viet-minh et sa Légion… le tout rehaussé d’une petite pointe de fantastique pour pimenter l’ensemble : c’est délicieusement 50’s. Mais la force des grands scénaristes est de savoir choisir les dessinateurs capables de valoriser leur histoire. Tel est le cas de Léo Pilipovic, dont le graphisme réaliste entérine le scénario de Pécau et donne à l’album la touche de concret – de rationnel oserait-on dire – qui rend cette uchronie crédible. Encore un album qui relève la limite ténue entre pure fiction et uchronie. Ici, cela tient à quelques références historiques et à diverses figures du Panthéon politique français d’après guerre.