L'histoire :
Le livre des livres n’est rien à côté du Livre des livres des livres de PEREC (pour Possibilités Exponentiellement Récursives Et Créatives). Selon la légende, ce dernier contiendrait la totalité de tous les livres possibles, détenteurs de l’ensemble de l’imaginaire, y compris cette idée elle-même. En fait, l’objet est en quelque sorte une métaphore de l’infini. Le lecteur pourrait ainsi y découvrir que certaines idées sont plus grandes que l’univers lui-même. Par ailleurs, un immense entrepôt contenait toutes les couvertures des livres en attente de leurs récits. Or un jour, cet entrepôt brûla et quasiment toutes les couvertures disparurent dans les flammes. Heureusement, des couvertures échappèrent miraculeusement à la destruction. Le présent Livre des livres en réunit quelques-unes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ne vous fiez pas à l’épaisseur du bouquin : dans ce Livre des livres, il n’y a que 54 pages (Une et 4ème de couv comprises). Si c’est si épais, c’est parce que Marc-Antoine Mathieu a une nouvelle fois poussé le vice de son exercice oubapien jusqu’à ne réunir que des couvertures cartonnées de livres fictifs et potentiels. De fait, ce bouquin est un catalogue amusant d’exercices syntaxiques, sémantiques, phonétiques parfois, associés à des illustrations géantes, sur double pages. Sur le plan visuel, Mathieu excelle véritablement dans les profondeurs, les lignes de fuites entrecroisées, les panoramas vertigineux et infinis (le labyrinthe 3D est exceptionnel). Le cosmos, le désert, les environnements complexes et abstraits, la verticalité des façades… Il est l’un des rares auteurs à donner forme, sur papier, à des notions métaphysiques. Son dessin fin et soigné se dévoile comme souvent en noir, blanc et niveaux de gris. Sur le plan des mots et du sens (un mot riche de lui-même, concernant M-A.M), chaque couverture est signée d’un auteur anagramme de Marc-Antoine Mathieu, avec des anagrammes d’éditeurs réels respectant leurs logotypes en bas. Chaque titre joue avec les mots ou avec des ouvrages de BD existants, truffé de références ou de caméos aux collègues auteurs et aux bédéphiles. Et chaque livre potentiel dispose d’un laïus plus ou moins torturé en guise de présentation. On vous avoue qu’on n’a pas tout compris, tant les jeux littéraires sont parfois hermétiques. La plupart du temps, M-A.M transcende le rien, ou l’écrire savant pour ne rien dire. Il y a tout de même de quoi se gausser en lisant Le nocher des flaches ou l’hommage aux 4367 auteurs…