L'histoire :
Arnaud et Caroline assistent au discours du Président de la République après la Convention Citoyenne pour le Climat, qui affirme que la décroissance n'est pas une réponse au défi climatique. Mais le père de la jeune femme, qu'Arnaud appelle Doc et qui voyage dans le futur, fait irruption dans la pièce. Il vient les alerter sur le risque des choix technologiques prônés par le gouvernement, même lorsque la ministre de l'environnement promet des avions qui n'émettront plus de carbone en 2035. Remplacer la croissance basée sur le pétrole par une autre croissance basée sur des énergies plus propres ne va pas résoudre le problème. Pour ce faire, il présente un petit robot appelé PIB, qui va expliquer comment la découverte du pétrole a été le déclencheur de la croissance de l'économie. Et comment l'utilisation du Produit Intérieur Brut comme critère de succès d'une économie ou d'un gouvernement est une fuite en avant dangereuse. Une approche qui considère d'ailleurs que les ressources naturelles sont gratuites, et qu'on peut les utiliser sans se poser de questions pour créer des biens, donc de la croissance. Avec une multitude de chiffres et d'exemples, le Doc va pointer du doigt toutes les contradictions de l'idée de croissance verte, et défendre une autre approche pour réduire la hausse des températures du globe. Il va alors emmener Arnaud et Caroline sur l'île de Nauru, qui a cru pourvoir baser sa richesse sur l'exploitation de ses réserves en phosphate. Mais qui, lorsque les prix ont baissé, et que ses réserves se sont épuisées, s'est retrouvée totalement démunie, et dévastée. L'île de Nauru serait-elle l'exemple à ne pas suivre ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On touche la limite du genre bande-dessinée avec ces 150 pages didactiques mais terriblement ennuyeuses. Anthony Auffrey tente de nous expliquer pourquoi la solution au dérèglement climatique passe par la décroissance. Et sur le papier, il y parvient plutôt pas mal. Il remonte aux origines de la découverte du pétrole, qui a longtemps ressemblé à une source d'énergie miraculeuse. Bon marché, hyper concentrée, avec un rendement imbattable, le monde s'est emballé avant de comprendre les conséquences des émissions de CO2. Mais la technique utilisée est on ne peut plus rébarbative, avec des personnages aux mimiques humoristiques qui répètent certaines explications avec beaucoup d'insistance, comme l'erreur qui consiste à se fier au seul PIB, le Produit Intérieur Brut, pour mesurer l'amélioration des conditions de vie. On a compris assez vite, mais on a parfois l'impression que l'auteur n'en est pas certain et qu'il cherche avant tout à s'en convaincre. Les nombreux dessins avec des flèches explicatives ou les courbes qui montent et qui descendent appuient une multitude d'informations, un peu comme s'il avait voulu absolument tout dire sur le sujet. Si bien qu'en deux cases, on évoque la possibilité de réduire la population sur la planète, ce qui n'est pas tout à fait anecdotique, mais arrive comme une info parmi d'autres. En bref, si on ne s'est jamais intéressé aux enjeux du réchauffement climatique et à son lien avec la découverte de l'or noir et des activités humaines, on apprendra des choses. On comprendra aussi la complexité des décisions à prendre, et accessoirement on se posera à nouveau la question de notre propre comportement et des limites de l'action individuelle. Mais encore une fois, à part penser que la bande dessinée est un moyen de s'adresser à des gens qui ne lisent pas, on ne comprend pas en quoi les images apportent quelque chose au propos. Une double page dans un hebdomadaire d'informations n'aurait-elle pas eu le même impact ? Cela dit, quiconque a tenté d'expliquer la complexité des enjeux climatiques, et la difficulté de croire ou pas à une solution technologique, a rencontré les difficultés qu'Anthony Auffrey rencontre ici. C'est hyper complexe et parfois contradictoire. Et tellement perturbant pour notre mode de vie insouciant...
