L'histoire :
A la sortie d’une séance de dédicace, Arno, le dessinateur de la série Alef-Thau est victime d’un grave accident de la circulation. Entre vie et mort, plongé dans un profond coma, les médecins sont plus que pessimistes sur ses chances d’en réchapper. Pourtant, cloué sur un lit d’hôpital, le voilà néanmoins propulsé, sous le nom de son héros, dans l’univers de Mu-Dhara, dépourvu de membres supérieurs, inférieurs, et de la vue. Grâce à l’aide de quelques compagnons et en particulier de la charmante Malkout, il entreprend de remplir la mission confiée par l’arbre de sagesse : débarrasser le pays des forces de l’ombre et assurer ainsi sa survie. Peu à peu, en gage de récompense pour avoir défait plusieurs créatures envoyées par l’ennemi, il récupère vue et jambe droite, puis parvient à atteindre le territoire du dieu de la lumière. Ce dernier lui confie que pour vaincre le mal et sauver Mu-Dhara de sa dissolution dans le néant, il doit conquérir l’omnigraal. L’objet est sans nul doute sur les terres d’On-Rha, gardées précieusement par In-Kon-Sian. Pour y parvenir, il lui faudra vaincre les trois impossibles et autres créatures envoyées par celui qui veut les plonger définitivement dans la nuit. Outre son courage, il pourra compter sur le Louroulou et sa flute magique, ainsi que sur le fils et la femme d’Arno qui interviennent dans ce monde imaginaire presque malgré eux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il s’agissait de rafraichir la mémoire de quelques incultes du 9e art et de les préparer à recevoir en cadeau la réédition chez Delcourt des 8 tomes de la série mère, pour rejoindre le demi-million de lecteurs l’ayant parcouru, le contrat est rempli : ce nouveau cycle en forme de diptyque, parfaitement lisible sans s’être plongé dans le précédent, donne envie d’aller jeter un œil (ou deux) du coté des travaux antérieurs. La précision, la clarté, la fluidité du dessin de Marco Nizzoli participent, d’ailleurs, amplement à raviver cet intérêt, en restant parfaitement synchrone avec le trait du talentueux Arno (dessinateur initial d’Alef Thau). Pour ce qui est du récit, en dehors du découpage intelligent qui permet une lecture fluide (malgré les allers-retours entre imaginaire et réalité), ou de la métaphore aventuro-poétique (pas du tout déguisée) qui permet de décrire la lutte de l’esprit contre le coma (ombre/lumière, Kon-Sien-Ziah / In-Kon-Sian…) et les interférences du monde extérieur sur l’aventure en Mu-Dhara, Alejandro Jodorowsky joue la facilité. En effet, outre la simplicité excessive et téléphonée du déroulement de l’aventure (et hop une jambe ! et toc un bras !), l’artiste réemploie des symboliques multi-utilisées dans ses autres récits sans chercher (comme il l’a fait parfois avec brio) à réellement fouiller. De ce point de vue, l’aventure pourra séduire un public plus jeune en une belle invite à découvrir l’univers riche du scénariste et une autre manière de faire de l’heroïc-fantasy (mais si : y’a quand même tout plein de bestioles marantes ou effrayantes, des pouvoirs magiques et de belles épées…). Pas indispensable mais divertissant.