L'histoire :
C’est à cause ou grâce à l’interdiction des duels par édit royal que Françoise de Rochechouart de Mortemart et Louis-Henri de Pardaillan, Marquis de Montespan font connaissance en 1163 devant la cour d’un tribunal : l’un y apprend la condamnation, par contumace, de son frère mort lors d’un duel ; l’autre celle de son futur époux qui a pris la fuite après un combat. A peine sorti des bâtiments royaux, Montespan, tombé sous le charme, propose sa main à la jolie jeune femme. Le mariage est célébré quelques semaines plus tard et les deux tourtereaux vivent une relation torride et passionnelle que seul le manque d’argent ternit. Pour redorer son blason auprès du monarque et ainsi se faire une place à la cour et glaner quelques écus, le Marquis part en campagne militaire. La réussite n’est cependant, pas au rendez-vous. Peu importe : ces deux là s’aiment, enfantent, s’amusent autant qu’ils le peuvent. C’est d’ailleurs lors d’une partie de cartes dans un cercle du marais, que l’esprit drôle et vif de la Marquise de Montespan fait mouche : on la remarque et on lui propose de devenir dame d’honneur de la Reine à Versailles. Ainsi, pendant que son mari part à nouveau faire campagne, La Montespan rencontre le Souverain...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant que Daniel Auteuil ne prête ses traits à ce fameux cocu, pour une adaptation au cinéma, c’est Philippe Bertrand qui s’offre le roman à succès de son vieux copain Jean Teulé, en nous rendant très attachant ce quasi parfait inconnu : Louis-Henri de Pardaillan, Marquis de Montespan. Car qui, avant Jean Teulè, s’était intéressé au mari, alors qu’on accolait sans peine au règne et aux intrigues de la cour du Roi Soleil, son patronyme précédé de l’article féminin ? Ce qui a séduit l’écrivain chez le bonhomme, c’est l’atypisme du personnage prêt à défier aveuglément par amour, plus que le despote lui-même, le pouvoir absolu (en une sorte de prémices à la Révolution) : celui qui, entre autres, voit dans le vol d’une épouse, un honneur plutôt qu’un crime honteux. Au-delà, c’est une véritable chronique sociale qui nous est présentée à travers ce récit souvent drôle et décapant, très loin du côté glamour et fastueux souvent utilisé pour revisiter l’époque par la littérature ou le cinéma : ça pue, c’est cruel et ça ne donne guère envie. En véritable fourmi, Philippe Bertrand restitue avec minutie costumes, lieux, ambiances d’époque, en ayant pris soin de découper judicieusement, certainement pour se les approprier un brin, les quelques 300 pages du roman original. Le dessin, en particulier, étoffe le récit, réussissant parfaitement à opposer l’élégance du Montespan à la médiocrité puante de la cour ou de son Roi. En cela, tout en gardant le dynamisme et la truculence de l’œuvre originale, il parvient à rendre le personnage central excessivement touchant, attachant à travers une histoire bien plus triste et douloureuse que le ton volontairement rigolard ne pouvait le laisser penser (bin oui : un cocu, ça fait toujours marrer). Une adaptation réellement réussie qui donne, outre l’envie de (re)plonger dans le livre, celle de voir les 2 compères à nouveau s’acoquiner dans le petit monde de la BD.