L'histoire :
Au terme de leur expérience ésotérique, l'impétueux Wu Gang, la guerrière Xiaojing et le vieux sage Erling reprennent leur route à pied. Ils se dirigent vers la forêt des muriers, où ils espèrent trouver les descendants du forgeron qui a créé Gang Jiang, l'épée noire sacrée, afin de la reforger. La légende veut en effet que son intégrité retrouvée, cette arme permette l'unité du pays. Mais la route est longue et Wu Gang persiffle à chaque instant de cette quête, dont il estime l'issue vaine et improbable. Il aura pourtant de quoi se divertir, car San-Niang, la sœur d'Erlang, propriétaire de l'épée blanche jumelle, est bien décidée à leur mettre des bâtons dans les roues. Elle envoie notamment plusieurs de ses disciples, déguisés en troupe d'acrobates, pour leur tendre un piège. Celui-ci se referme dans une taverne, alors que nos amis se sont arrêtés pour se restaurer. Wu Gang, qui accepte de servir de cible à un faux lanceur de couteau, ne doit alors la vie qu'à l'intervention providentielle de Li Ren, un chevalier errant, redresseur de tort et ivrogne invétéré. Puis, au beau milieu de la nuit suivante, il se laisse berner par un autre piège, lorsqu'il succombe aux charmes de Xiaojing. Contre toute attente, cette dernière le rejoint en effet dans son lit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d'une épopée médiévale asiatique, dans le registre des « récits de sabre » (ou plus exactement du « wu xia pian », alias la chevalerie chinoise). Comme souvent dans ce genre de quête, les héros avancent vers un objectif précis et s'affranchissent d'une série d'épreuves infligées de manière très linéaire. A l'aide de ses pouvoirs de magie, leur ennemie San-Niang expédie cette fois sur eux ses disciples en attaques successives (sur les ¾ de l'album), avant finalement de plonger elle-même les mains dans le pétrin, pour le dénouement. Au terme de 62 planches aérées (5 tomes étaient initialement programmés...), tout se résout de manière hyper commode, en une ultime confrontation toute simple, alors que les préliminaires ont nécessité une débauche de pouvoirs fantastiques (une belle escadrille de méchants... les interventions de la déesse de la miséricorde...). Et bien entendu, en dépit du caractère de cochon dont il faisait jusqu'alors preuve, Wu Gang accepte et embrasse la destinée de la vertu. Le scénariste David Chauvel a donc consciencieusement éclusé toutes les ficelles du genre, avec le savoir-faire qu'on lui connait, mais sans surprise. Visuellement, Hervé Boidin termine lui aussi minutieusement sa part du contrat. Le dessinateur met en scène des personnages fins et détaillés (assez proches du style de Jérôme Lereculey) sur des décors alternant paysages paisibles (pour les moments d'accalmie) et lignes de fuite à profusion (pour les scènes de combat), le tout complété de la colorisation experte de Christophe Araldi et Xavier Basset. Ah enfin, et surtout, n'oubliez pas que « le chien au chenil aboie à ses puces, le chien qui chasse ne les sent pas » et qu' « un jour compte pour trois, pour qui fait chaque chose à son heure »...