L'histoire :
Un homme a réunit quelques personnes pour leur raconter une sombre histoire. Un jour, Miss Griffin, une gouvernante d’une vingtaine d’années répond à une annonce pour s’occuper de deux adorables enfants, Miles et Flora, délaissés par leur oncle. Celui-ci lui soumet une condition : ne jamais le déranger, ne jamais lui écrire. Engagée, elle rejoint un élégant manoir situé dans le lointain comté d’Essex. Le premier jour, elle se réjouit de ce nouvel emploi, mais elle déchante rapidement. En effet, dans les jours qui suivent, elle aperçoit à plusieurs reprises une présence inquiétante dans le château. Mrs Grose, la cuisinière, lui révèle qu’il s’agit de Peter Quint, un ancien valet… mort l’année dernière ! Un second spectre apparaît bientôt. Une jeune femme, cette fois-ci… décédée aussi il y a quelques temps. Au bout du compte, les enfants s’avèrent moins innocents qu’il y paraît.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la couverture, on est happé par une atmosphère mystérieuse : un manoir éclairé dans une nuit qui commence à tomber, des enfants blonds au regard machiavélique, habillés de noir, tenant chacun la main d’une femme brune, de dos, toute de blanc vêtue. D’entrée, le décor est planté ! Et quand on ouvre l’album, on n’est pas déçu. Bien au contraire, cette histoire étrange histoire est palpitante. Selon l’anecdote, c’est l'évêque de Canterbury qui la conta à Henry James en 1895, celui-ci s’en inspira pour écrire en 1898, Le tour d’écrou. Cette nouvelle, saluée à l’époque par Oscar Wilde, figure parmi les masters de la littérature fantastique moderne et a inspiré bon nombre de pépites du 7e art, tels que Les innocents de Jack Clayton (1961) ou plus récemment Les autres d’Alejandro Amenabar (2001). Du début à la fin, cette histoire joue avec les certitudes du lecteur et le fait osciller entre interprétation rationnelle et interprétation surnaturelle, selon qu’il soit cartésien ou non. L’adaptation d’Hervé Duphot, qui a déjà œuvré dans le registre de l’épouvante, à travers une courte histoire du recueil Hanté (avec Christophe Bec) est parfaite. Son trait s’adapte impeccablement à l’ambiance victorienne. On pourrait lui reprocher un certain classicisme, un manque de risque d’un point de vue graphique… mais le but de la collection Ex-libris est respecté : approcher avec exactitude l’esprit des œuvres littéraires majeures. Un album à manier avec précaution, une fois ouvert, il ne manquera pas de vous clouer sur place…