L'histoire :
Jusqu’à ce jour, Tartarin était le roi des gouailleurs et des orateurs quand il s’agissait de relater avec passion des histoires spectaculaires de chasse (au point parfois de se prendre lui-même à son jeu). Or, par un quiproquo venu d’on ne sait où, tout son village de Tarascon l’a félicité, acclamé et encouragé à partir chasser le lion. Forcé de tenir sa réputation, il a du se mettre sur de (très) longs préparatifs. Cette fois, il est bel et bien en train de traverser la Méditerranée, en direction de l’Afrique, vêtu d’une seyante tenue coloniale. A l’arrivée au port d’Alger, il craint un moment que son ferry ne soit abordé par des pirates. La capitaine le rassure : ce ne sont que les portefaix (porteurs de bagages). Ces derniers le conduisent à son hôtel, L’hôtel de l’Europe, en brouette. Tartarin est alors étonné de traverser une ville civilisée, finalement assez ressemblante à Marseille. Le lendemain, le fusil en bandoulière, il se lance d’un pas décidé à la chasse au lion. Il sort de la ville, quitte la route et se poste à l’affut pour la nuit dans un coin perdu du maquis. Il imite même le bêlement du chevreau en guise d’appât. Soudain, un mouvement… Tartarin tire et fait mouche ! Craignant l’arrivée de la femelle, il reste en poste et attend le matin pour aller contempler son exploit. Il s’endort. Au petit matin, il constate : il a buté un âne et sa propriétaire est éplorée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers l’histoire de son célèbre Tartarin de Tarascon, Alphonse Daudet se livrait à une fable amusante et grand public sur les dégâts de la fanfaronnade. L’histoire se campe à la fin du XIXe siècle, ère des grandes explorations, mais le défaut souligné traverse les époques et conserve donc aujourd’hui tout son potentiel. Ni tout à fait vantard, ni exactement mythomane, mais assurément orgueilleux, le bonhomme a au moins le courage d’aller au bout de sa démarche : qu’on l’incite à chasser le lion, il ira chasser le lion… même là où il n’y a guère de lion ! Il tue un âne, tombe amoureux des yeux d’une belle algérienne, se fait arnaquer par un gouailleur de la même espèce que lui, se prétendant « Prince du Monténégro », gagne la fidélité indéfectible d’un chameau et rentre au pays avec une vraie peau de lion, au terme d’un périple qui lui aura coûté la peau des fesses. La gloire s’achèterait-elle donc ? Le couple de coloristes Isabelle Merlet et Jean-Jacques Rouger concluent ici une adaptation fidèle de l’œuvre en deux tomes. Les rondeurs du dessin (et du personnage) collent parfaitement avec l’idée qu’on se fait d’un tel matamore. La simplicité du trait et la colorisation délavée renforcent en outre le décorum parfaitement quiet dans lequel il évolue. Une transposition réussie du roman classique à la BD, comme du reste l’ensemble de la collection Ex-Libris…