L'histoire :
Les deux sœurs Murielle et Gabrielle ont des caractères et des métiers différents, mais elles sont inséparables. La brune Gabrielle a une vie secrète d’écrivain, se montre socialement distante et fait des petites fiches sur tous les gens qu’elle apprécie. Elle les classe en deux catégories : les généreux et les « glaireux » (les vaniteux qui ont l’affligeant désir d’être vus et aimés de tous). D’apparence plus sage, la blonde Murielle est professeur de mathématiques à l’université et sort avec Stéphane, le médecin hospitalier qui soigne leur père. Car suite à un accident cardiaque, leur père, un artiste-peintre, sort tout juste d’un coma prolongé… et il semble que cette expérience a laissé des traces chez lui. De retour chez lui, il se met à bruler toutes ses toiles, puis s’enferme dans sa cave, dont il a pris soin de blinder l’accès, pour une activité secrète. Aurait-il percé quelque mystère lors d’une EMI (Expérience de Mort Imminente) ? Quand elles ne s’inquiètent pas pour leur père, Murielle et Gabrielle se retrouvent autour de leur passion commune pour les « crop circles », ces énigmatiques dessins géométriques qui fleurissent parfois dans les champs. Ensembles, elles ont même fondé le GERORA, le Groupe d’Etudes et de Recherches ouvertes et Raisonnées sur les Agroglyphes, dont le spécialiste le plus médiatique est le physicien Michaël Dire. Sans parvenir à en expliquer les origines, le GERORA en interprète des « messages » mathématiques stupéfiants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une thématique forte caractérise l’œuvre de Pierre Makyo : l’ésotérisme, au sens large. Du catharisme (Je suis cathare) aux forces telluriques (La porte au ciel), en passant par les forces de l’esprit (Yttrium), le paranormal et les mystères de l’humanité passionnent et intriguent le scénariste. Son œuvre majeure dans le registre est sans doute Ballade au bout du monde, dont le dernier cycle a été dessiné par le mauricien Laval. Le même Laval reprend ici ses pinceaux et met en scène le nouveau thriller fantastique de Makyo à l’aide d’un dessin impeccablement proportionné et cadré, mais brut dans son encrage. Le duo récidive en s’intéressant à une nouvelle énigme de notre monde, particulièrement passionnante : les « crop circles ». Egalement appelés « agroglyphes », ce sont ces dessins géométriques qui apparaissent sans raison dans des champs aux quatre coins du globe entiers et qu’on attribue souvent à une intelligence extraterrestre. Alors, explication scientifique ou ufologique ? Tout en présentant des personnages attachants, au travers d’une narration remarquable de fluidité, ce premier tome n’apporte pas encore d’hypothèse précise, mais entrelace plusieurs pistes franchement piquantes. Quelles sont les origines des cercles ? Quel lien ont-ils avec la préscience du père ? Quel étrange lien rattache Gabrielle à sa nièce ? Et surtout, qu’est-ce que les sœurs vont finalement découvrir dans la cave ? (merci le cliffhanger !) Ce thriller aux frontières du fantastique prend un excellent départ. Le meilleur de Makyo depuis sa Balade au bout du monde ?