L'histoire :
Baudouin, juriste à La Défense, mène une petite vie tranquille, morne et sans histoire : son chat, son prêt immobilier à rembourser, ses dossiers tous plus urgents les uns que les autres et son +1 tyrannique. Jusqu'à l'arrivée de Luc, son ouragan de grand frère. Ce dernier, devenu médecin au Bénin, est bien décidé à sortir son petit frère de sa routine. Mais voilà que Baudouin, à la suite d'une séance de piscine aperçoit une grosseur suspecte sous son bras. Bientôt le verdict tombe : cancer métastasé et inopérable. Se sachant condamné, le petit travailleur triste, qui a toujours écouté les desiderata des autres au lieu des siens, va envoyer valdinguer sa petite vie pour suivre son frère au Bénin et tenter mener son existence comme il l'entend enfin. À défaut de devenir guitariste reconnu comme il l'espérait dans son adolescence, il va lâcher son travail aliénant et faire de belles rencontres qui changeront sa vie. À mesure que sa nouvelle vie se déroule, des tranches de sa vie antérieure vont le traverser, où on le verra toujours passer à côté de son existence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le joli récit autobiographique Ce n'est pas toi que j'attendais, qui racontait avec délicatesse les débuts compliqués de sa relation avec sa fille trisomique, Fabien Toulmé se lance dans la fiction avec le renouveau d'un homme qui s'ennuie. Hélas, l'auteur n'arrive pas à nous toucher aussi profondément qu'avec son premier récit. Les personnages, caricaturaux, n'arrivent pas à nous entraîner dans leurs aventures. Le portrait du grand frère Luc, censé représenter l’homme dynamique auquel le lecteur est censé s’identifier, s'apparente davantage au gros lourdaud de service (il note le physique des filles qui passent et se moque avec son frère du fait de coucher avec une femme laide…). Quant à Baudouin, pourtant héros de l’histoire, l’auteur veut tellement nous montrer la fadeur de sa vie qu’il rend son personnage totalement sans saveur, et ce, même quand ce dernier tente de s’émanciper. Le dessin très stylisé de Toulmé, si puissant dans sa première BD, aggrave malheureusement le manque d’emphase du récit et ne parvient pas à rendre le dépaysement possible, nous laissant en retrait de toute cette aventure. Seule la jolie pirouette finale parvient à nous arracher quelques émotions... mais trop tard. Dommage !