L'histoire :
Reine d'Angleterre, fille de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre, Isabelle est mariée à Édouard II, roi d'Angleterre et triste époux, davantage attiré par les hommes que par les formes arrondies de sa femme. Isabelle le sait. Mais pour raison d'Etat, elle a préféré sacrifié sa vie au bonheur de la France. Pour son père, rien là que de très normal : c'est « le fardeau de ceux qui ont la charge, par la grâce de Dieu, de gouverner le monde ». Seuls comptent la lignée et l'héritage qu'ils transmettront à Dieu. Délaissée par son mari qui lui préfère ses favoris masculins, Isabelle n'a plus qu'une idée en tête : échapper à cette vie de souffrances et de solitude affective. Acceptant son destin par la force des choses, mais humiliée au plus profond d'elle-même, elle nourrit au quotidien une haine grandissante à l'égard de ses proches. C'est donc auprès de son fils Édouard III et de son amant Roger Mortimer qu'elle va tenter de trouver du réconfort, avant d'être trahie, encore une fois, par ses proches...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire contée ici nous plonge au cœur du XIVe siècle, sous le patronage d'Isabelle, dite la Louve de France, assez méconnue, et de son mari Édouard II, qui lui préférait ses favoris masculins. Une période d’ailleurs propice aux manipulations, jeux de pouvoirs et autres intrigues amoureuses. C’est donc sur ce terreau classique que Thierry et Marie Gloris font pousser un récit juste ce qu’il faut d'attrayant, un opus qui ouvre un diptyque et remplit à peu près sa mission. Ici pas d‘effets spéciaux qui mangent des moitiés de planches pour ébahir le client, mais une intrigue simple et académique, de nature à divertir l'espace d'une heure. Les scénaristes utilisent une méthode qui fonctionne correctement : du suspens (pas encore tout à fait haletant), des mensonges, des tromperies et un soupçon de romance, agrémentés ici ou là d'informations sur le contexte historique. Le tout suffisamment rythmé et rehaussé par un découpage parfaitement maîtrisé. Chargé de donner vie à ce moment d'Histoire, le dessin de Jaime Calderon est une belle surprise. Son graphisme a en effet nettement gagné en précision, dynamisme et expressivité depuis Les Voies du Seigneur. La mise en couleur est quant à elle très soignée, les vues d'intérieur, de paysages et l'ambiance, pleine de dramaturgie, étant habilement transposées. Reste néanmoins deux ou trois bémols gênants : primo, Isabelle manque franchement de consistance et de charisme, toujours ou presque en train de subir les évènements, sous la coupe d'un mari absent et d'un père autoritaire. Deuzio, le canevas narratif, outre son classicisme, distille une tonalité un brin racoleuse (voir notamment la très conventionnelle scène de sexe pp. 30-31), à l'image de ce qui a été fait dans Aliénor, la légende noire. On comprend bien qu'un peu de sexe et de violence (supplices pp.43-47) permettent de ferrer le chaland, mais à chaque fois, cela devient lassant. Bref, un premier tome assez plaisant, mais qui ne suscite qu'un intérêt modéré.