L'histoire :
Égaré en pleine tempête de neige, un nourrisson dans les bras, un enfant trouve refuge dans une roulotte. Forain au bon cœur, Ursus est un vieil ermite philosophe et misanthrope qui vit en compagnie de son loup géant. Tandis qu’il lui offre une collation, Ursus demande à l’enfant de lui raconter son aventure. Ses cheveux en pagaille cachant son visage, l’enfant reste muet et dévore son repas. Il voyageait en compagnie de « comprachicos », des nomades parlant une sorte d’esperanto. Considérés par la société comme des parias, ils avaient dû abandonner le plus vaillant d’entre eux, Hardquanone, aux mains des forces de l’ordre. Leur embarcation s’était alors écrasée en pleine tempête sur des récifs, laissant notre jeune héros sur une berge glacée, livré à lui-même. A la recherche d’un abri, il trouvait alors un nourrisson enterré sous la neige, dans les bras de sa mère morte de froid, au pied d’une potence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-David Morvan aime varier les plaisirs. Délaissant son domaine de prédilection, la science-fiction, pour le romantisme, il se lance dans une adaptation (très libre) du roman de Victor Hugo. Au dessin et à la couleur, Nicolas Delestret livre une ligne graphique très mature, au trait acéré. Sa colorisation, axée sur une couleur dominante par scène, favorise les variations d‘ambiances. Mais le découpage très chargé de Morvan alourdit sensiblement la lecture. De la roulotte d’Ursus à l’aventure des comprachicos, puis de l’errance de Gwynplaine aux manigances du roi Jack, on saute de séquence en séquence, sans transition. L’univers dépeint est alors des plus baroques. Les architectures sont tantôt clinquantes (le palais), tantôt confinées voire « organiques » (la geôle). Le langage employé passe également d’un pur style littéraire romantique à de l’esperanto (qui reste compréhensible par tous). Cette segmentation ne rend pas la lecture de ce premier tome des plus fluides.