L'histoire :
1940. Un rapport de la Navy qualifie le Mitsubishi A6M, surnommé Zéro, de sprinter avec l'endurance d'un coureur de fond. Il a le punch d'un boxeur et l'agilité d'un danseur. C'est bien simple, personne, strictement personne aux USA n'a cru qu'on pouvait construire un tel avion. Et pourtant, sa conception remonte aux années 30, sur commande de la Marine impériale japonaise. C'est l'ingénieur Jiro Horikoshi qui conçoit alors un avion léger, rapide et surtout extrêmement maniable. Quand la guerre éclate après Pearl Harbor, de très nombreux pilotes américains vont en faire les frais, qu'ils soient aux commandes d'un P-40 ou d'un Wildcat. Très vite, ils réalisent que la seule tactique possible est d'éviter à tout prix le dogfight, de repérer les nuages et de s'y dissimuler. Il va falloir attendre juin 1942 pour que les choses changent. Au cours d'un raid sur les îles Aléoutiennes, un Zéro est touché et il essaie de se poser sur un îlot mais il capote dans un marais. Ses coéquipiers renoncent à le détruire, ne sachant pas si le pilote a survécu. Quelques semaines après, la carcasse du chasseur nippon, en quasi parfait état, est repérée par un équipage américain et récupérée de façon extrêmement rapide...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l'US Navy jouit d'une réputation à nulle autre pareille... Si, dans l'imaginaire collectif, les Têtes brûlées ou plus tard les Tigres Volants ont assis l'image de la supériorité aérienne des pilotes et machines américaines, il faut se souvenir que c'était strictement l'inverse quand les Japonais sont entrés en guerre. C'est la leçon d'histoire militaire principale que nous rappelle ce très bon album. En effet, le célèbre « Zéro » était sans aucun doute le meilleur chasseur-intercepteur du début de la guerre du Pacifique et même le Curtiss P-40 (l'avion des Tigres Volants, on y revient) était incapable de rivaliser avec les performances du Zéro. La première scène nous ramène à ce moment crucial où un hydravion Catalina repère la carcasse d'un Mitshubishi planté dans les marécages d'un îlot de l'archipel des îles Aléoutiennes. Et bien sûr, la Navy va mettre le paquet pur le récupérer afin de le renvoyer en pièces détachées pour qu'il soit soigneusement étudié sur le sol américain. Et ce n'est qu'à partir de ce moment que les pilotes et ingénieurs US vont pouvoir le comprendre, exploiter ses rares points faibles et mettre au point des avions destinés d'abord à rivaliser, puis à le surclasser. Cette découverte sera d'ailleurs qualifiée ultérieurement par un historien japonais comme une victoire aussi importante pour les américains que le fut le raid sur Pearl Harbor pour les japonais. C'est donc sous cet angle très habile, celui d'une enquête technique doublée d'une course contre le temps, que Jean-Pierre Pécau et Christophe Gibelin tissent le scénario de l'album. Notons que ce dernier est aussi à la couleur. Or là aussi, c'est une réussite. Des machines aux décors, en passant par les personnages, on se régale de bout en bout. Embarquez à bord de ce Zéro pour un voyage que vous ne serez pas prêts d'oublier.