L'histoire :
Le prévôt du roi découvre que Madame de Beaufleur a assassiné son mari avec l’aide de son docteur. Le docteur, complice indirect du meurtre, a envoyé au prévôt ses aveux. L’homme de droit décide alors de faire justice et de faire arrêter la femme, une des plus belles et des plus sulfureuses du royaume. Il confie cette mission au capitaine des gardes, mais il ignore qu’il a été l’amant de la Milady. Arrivé au château de Madame de Beaufleur, le capitaine arrive en pleins ébats. Milady entretient une relation enflammée avec Sir James Hastington, le neveu de l’ambassadeur d’Angleterre. Elle finit par parler au capitaine, qui lui annonce la triste nouvelle. Au lieu de l’arrêter, le capitaine se laisse séduire par ses charmes et rejoint Hastington pour honorer l’appétit sexuel de la belle. Va-t-elle pouvoir échapper à la justice ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’affaire des poisons, vous connaissez ? Cette célèbre affaire (véridique) secoua la cour de Louis XIV et provoqua toute une série de procès, démantelant un « réseau » d’assassins ou de simples charlatans. Madame de Beaufleur est l’héritière fictive de l’empoisonneuse La Brinvilliers avec, il faut le reconnaître, d’autres atouts inavouables. Entre deux sauteries, la Milady collectionne les problèmes presque autant que les amants et doit jouer de ses charmes pour survivre. Grâce à des amis haut placés (haut perchés ?), la dame passe à travers les mailles tout en enlevant facilement les propres mailles de ses sous-vêtements pour récompenser ses protecteurs, qui n’en demandaient pas, tant mais qui sont bien contents ! Les dialogues et le scénario sont de qualité et feraient presque penser à la plume d’Alexandre Dumas (l’héroïne s’appelle Milady), si elle ne trempait son extrémité ailleurs que dans l’encrier… On prend plaisir (et oui !) à retrouver l’univers des Mousquetaires, des capes et des épées, même si lesdites capes tombent vite pour dévoiler d’autres sortes d’objets presque contondants. Le dessin est d’ailleurs remarquable. Alternant plans larges extrêmement détaillés et plans serrés (inutile de vous faire un dessin), Giovanni Centuri mélange les styles, comme son héroïne se mélange avec n’importe qui. Certaines cases où l’on voit les gens de la cour ou autres soldats du roi sont proprement des gravures avec moult hachures et jeux de clair-obscur, tandis que les ébats sont dessinés très simplement avec seulement un contraste entre aplats noirs et blanc, comme pour mieux mettre en avant les croupes des amants déchainés. Entre Gustave Doré pour la gravure et Magnus pour l’érotisme, Giovanni réalise une belle performance graphique. On pourra juste regretter que les ébats et leur préparation soient écrits de façon aussi faciles, faisant du récit un mauvais porno, alors que d’autres passages sont bien plus intelligents. L’ensemble reste tout de même délicieusement exotique et puissamment érotique pour les amateurs… ces « jean-foutre » !