L'histoire :
Le 2 décembre 1959, la petite ville de Malpasset vit dans le calme d'une soirée normale. Demain, c'est jeudi, les enfants n'ont pas classe. Certaines familles sont tranquillement chez elles, d'autres en visite chez des amis pour regarder la télévision. Lorsqu'à 21h le barrage en amont cède. Le premier bruit que le habitants entendent n'est reconnu par personne. Rapidement des coupures de courant plongent des habitations dans le noir, puis le bruit enfle pour devenir assourdissant et la vague déferle sur le village. Cinquante ans plus tard, ceux qui ont survécu étaient de jeunes bébés inconscients de ce qui se passait, des enfants qui ont très vite perdu connaissance, des adolescents qui se souviennent comment ils ont trouvé refuge dans un arbre, sur un toit. Ou ceux qui ont vu le drame depuis leur maison située en hauteur. Dans l'obscurité de ce début d'hiver, une lune blanche et froide a imprimé dans leurs mémoires des images qu'on ne peut oublier. Leurs mots sont simples, sobres et forts. Ils décrivent l'incompréhension, l'impuissance, la reconnaissance envers les équipes de secours. Ils disent aussi parfois leur déception de ne pas voir tous les témoins du drame devenir plus solidaires et plus humains.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album relate par une série de témoignages la catastrophe de Malpasset et les quelques heures qui ont suivi, pour un rendu à la fois surprenant, prenant, et touchant. Le choix d'enchaîner sur plus de 140 pages les témoignages de ceux qui ont survécu à la rupture du barrage, donne à l'ouvrage un ton de documentaire filmé parfaitement délibéré. Cet aspect sobre et authentique est renforcé par le travail graphique de Horne, dont les personnages comme les paysages ont un réalisme photographique sans surcharge. Une des qualités principales de ce travail est sa sobriété, les auteurs évitant toute emphase, toute tristesse artificielle et toute mise en scène. On se prend à penser que les interviews qui ont servi de base à ce travail ont forcément entendu des gens émus, bouleversés par leurs propres souvenirs. Les auteurs en ont fait des témoins sincères mais sobres, clairs et factuels dans leurs propos. Pas de larmes ni de cris, peu de colère, mais une sorte d'humilité absolue qui transparaît dans des dialogues crédibles. L'émotion est présente dans la simplicité des mots, dans l'ellipse entre les images, et dans l'esprit du lecteur. Bien réalisé, clair dans sa mise en page, l'album est didactique et très bien documenté. Il ne parvient pas à éviter une certaine forme de monotonie liée à la répétition des témoignages. Mais la densité du propos permet au lecteur de s'y plonger et de tenter d'appréhender, avec modestie, une petite partie de ce drame authentique.