L'histoire :
Dans les estives de la frontière russo-georgienne, une troupe de militaires français repère un phénomène curieux sur le sol. En alerte, ils sont soudain attaqués par un drone russe autonome enterré, qui fait un carnage. Seuls le sergent Frank Braffort et sa copine Melissa Tales s’en sortent indemnes, mais blessés, grâce à une intervention aussi providentielle que mystérieuse… Une poignée d’années plus tard, Braffort est de retour à Paris-Métropole. Il ne reconnaît plus sa ville, à l’urbanisme gigantesque et effréné, et en proie à une vague indéterminée d’« anomalies ». Ces anomalies, ce sont des composants électroniques venus de nulle part, qui s’amalgament n’importe où, jusqu’à former des entités intelligentes et agissantes. L’une d’elle agresse même le Préfet de police Beauregard, en pleine conférence de presse. Braffort, lui, est instantanément contacté par un ancien camarade de l’armée travaillant pour la Métropole. Ce dernier lui propose un poste de premier choix : assurer la sécurité du Préfet. La réputation d’homme de terrain de Braffort l’a visiblement précédé. Mais il semble que les raisons de ce recrutement express dépassent largement le cadre de ses réelles compétences…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture de Benjamin Carré (B² pour les intimes) est somptueuse… Les encrages de Stéphane Créty sont (comme toujours) un must dans le registre semi-réaliste, avec un découpage dynamique aux cadrages savants et beaucoup de profondeur d’angles… Le pitch sur le scénario rétro-futuriste de Serge Lehman fait saliver… Bref, il ne manque pas grand-chose à ce premier blockbuster de science-fiction de 2012 pour être une franche réussite. Reprenons. Avant tout, il est ici question d’un univers particulièrement prégnant. En cette année indéterminée, en une époque vaguement parallèle à la notre, la ville de Paris s’est surdéveloppée de manière galopante, au point de devenir un personnage à part entière. On comprend même, en lisant la courte nouvelle en annexe, qu’une forme de « conscience urbaine » ne serait pas étrangère à ce qui se déroule. C’est ce point qui semble le plus novateur et le plus prometteur à travers la mise en place de l’intrigue, bien qu’il demeure particulièrement fugace et énigmatique dans ce premier épisode. Rassurez-vous : les 3 autres volets sont tous promis par l’éditeur en une seule année (c’est le même concept éditorial que pour Spyder en 2011… en plus accrocheur !). Anomalies se présente donc pour le moment comme une « bonne mise en bouche », du genre à présenter un environnement social et politique riche, des personnages psychologiquement consistants et une tonalité de thriller futuro-kitsh… Mais ce pilote manque encore un brin de matière et fait trop de mystères sur les enjeux pour qu’on y adhère pleinement.