L'histoire :
Les deux agents des stups Lawson et Garcia traquent Ramos à Los Angeles. De source sûre, ils savent que le narcotrafiquant a quitté sa jungle colombienne pour rencontrer le chimiste américain Jan Nesbitt. Ramos compte négocier avec ce dernier le faramineux achat de la formule qui permet d’obtenir une héroïne de synthèse géniale, plus pure que tout ce qu’on peut fabriquer de manière artisanale. Les méthodes des stups avec leurs indics sont musclées… mais moins que celles d’Archer, l’agent inclassable œuvrant pour une organisation paragouvernementale. Pour avoir le champ libre autour de la fameuse transaction, Archer élimine les stups dans l’explosion de leur voiture. La radicalité d’Archer vaut aussi pour ses relations avec Flora, l’agent infiltrée qui a joué le rôle de madame Nesbit et qui est aujourd’hui officiellement morte. Archer montre à Flora des photos de son premier mari en train de consoler son veuvage dans les bras d’une autre. Déprimée, au pied du mur, Flora rempile donc pour une nouvelle infiltration : la voilà Claire Woodford, agent de la DEA et nouvelle collègue de Milo Deckman, le criminagent régulier en charge de son propre dossier. Milo suspecte quant à lui que les enjeux débordent largement le cadre de son enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d’un thriller d’anticipation froid et musclé, aussi proche du ton de la collection Sang froid que de la collection Machination dans laquelle il est rangé. Flics pourris, agents infiltrés, narcotrafiquants et le pauvre Milo se toisent et s’entrecroisent donc de nouveau, au sein d’une trame narrative non conventionnelle mais parfaitement construite et cohérente. Le personnage de Milo lui-même est un modèle de flic antihéros, plus bringuebalé par les évènements que véritablement acteur de son enquête. Il traverse sa trilogie en demeurant néanmoins indemne et avec une certaine sagesse : la clairvoyance de reconnaître que les réels enjeux le dépassent, que la vérité est ailleurs (la dernière case est géniale !). Le scénario de Benoît Rivière aura impeccablement géré le rythme des mystères et des révélations. Ici, un flashback nous en apprend notamment plus sur le recrutement de Flora et ses liens ambigus avec Archer. Cette première œuvre d’ampleur impose également une belle maturité narrative, en se détournant de l’évidence pour se concentrer sur l’important : la psychologie des personnages, la prise de distance et la sombre réalité. En ce sens, la partition visuelle réaliste de Philippe Scoffoni (et sa colorisation un brin décalée) apporte énormément à l’ambiance, à nulle autre pareille, de cette trilogie, tout en se bonifiant encore sur ce 3ème épisode. La variété des angles, la puissance de leurs profondeurs, la justesse des expressions et des proportions, incitent à suivre cet auteur de très (très) près…