L'histoire :
Guerlain est le papa d'un petit garçon nommé Nisse. Ils sont revenus vivre dans le manoir d'enfance dans lequel a grandi Guerlain lorsqu'il était enfant, mais dont il a gardé très peu de souvenirs. La femme de Guerlain n'a pu venir avec eux pour raisons professionnelles. Les deux hommes cohabitent donc tous les deux. Ils se sont endormis sur le sofa. Lorsque Guerlain le réalise, il prend son fils dans ses bras pour monter le coucher. Il souhaite une bonne nuit à l'enfant ensommeillé, qui lui répond « Dors bien ». Guerlain repense à cette petite phrase... Déjà faudrait-il pouvoir s'endormir... Car l'homme est insomniaque. Alors pour occuper ses nuits, il explore le manoir. Et pour occuper ses journées, il prend soin de son fils et restaure des tableaux. Le lendemain, alors qu'il échange avec son fils, ils sont surpris par un bruit répétitif qui provient de l'armoire. Guerlain s'approche à petit pas pour tenter de découvrir ce qui se trame. Lorsqu'il ouvre la porte, il découvre trois corneilles. Il demande à son fils d'ouvrir portes et fenêtres pour qu'elles puissent regagner leur liberté... mais elles ne semblent pas vouloir s'échapper. Comme si elles étaient bien décidées à rester auprès de Guerlain et de Nisse. Après des efforts infructueux, père et fils lâchent l'affaire et s'accommodent de ces nouvelles locataires au manoir. Cette première expérience dans ce château peut sembler étrange et effrayante, mais Nisse et Guerlain vont vite comprendre que ce n'est pas le seul phénomène troublant qui se produit ici...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gaëlle Geniller nous avait séduit avec son roman graphique Le jardin Paris. Trois ans plus tard, elle nous propose une nouvelle œuvre, à la fois dans la continuité de son travail précédent, et en même temps avec une certaine rupture. Dans l'univers du cabaret, tout était doux et duveteux... Ici, l'ambiance est plus sombre, plus inquiétante. Un suspense latent s'empare du lecteur : doit-il croire aux événements surnaturels ? Ou cela se produit-il uniquement dans la tête des personnages ? L'autrice joue aussi sur le principe des huis-clos : les interventions d'autres personnages se feront par l'intermédiaire du téléphone, mais Guerlain et Nisse ne sortent pas de ce manoir, et personne n'y entre non plus, ce qui renforce la tension palpable. La relation fusionnelle et touchante entre le père et son fils vient contrebalancer cette ambiance parfois pesante. Il y a également les illustrations, qui viennent sublimer et apporter de la beauté à ce manoir qui semble hanté. La dessinatrice dévoile tous ses talents, tant dans la liberté de l'agencement des planches, que dans la colorisation lumineuse, mais elle nous propose aussi sa définition du beau. Un mélange d'inspiration d'art nouveau, de joli mobilier et de tenues d'époque. Un monde idéalisé, qui nous fascine autant qu'il nous intrigue. Elle poursuit l'univers de son premier album, en glissant des références à Rose et son spectacle de cabaret, nous montre une nouvelle fois sa passion pour les fleurs et leurs significations, et déroule à nouveau le fil de la thématique de la différence. Les lecteurs qui avaient apprécié Le jardin Paris, devraient tomber à nouveau sous le charme de ce nouvel ouvrage, même s'il s'oriente dans une autre veine scénaristique et explore l'étrange et le fantastique. Un riche cahier graphique conclut l'album, nous en apprenant davantage sur les secrets de sa création.