L'histoire :
Jeune bébé, Antoine se présente : il est la vedette de ce bouquin, que présentera son père, en arrière-plan. Antoine espère que son père rendre fidèlement compte de son mode de vie si particulier, car évidemment, ça n’est pas facile de savoir ce qu’il a dans le crâne. Puis il présente sa maman, qu’il adore plus que tout. Evidemment, il a habité chez elle pendant 9 mois, alors ça crée des liens. Maman a aussi un truc imparable pour le calmer : le coup du sein. Dans ces moments là, la plénitude est totale. A condition que son père ne vienne pas s’interposer. Autre moment trop cool : le bain. Une douce chaleur l’enveloppe, avec des clapotis… Cela lui rappelle son pays natal. C’est juste hyper pénible lorsqu’on l’arrache à ce paradis : le monde extérieur est froid, la serviette rêche… La question de la dignité est aussi malmenée. Par exemple, il est très difficile pour bébé de rester assis de manière stable pendant une longue période. Résultat : il y a toujours un moment où il glisse, puis bascule et se retrouve dans une posture qui frôle le ridicule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Moi bébé n’appartient pas à la série des thrillers made in Altarriba (Moi menteur, Moi fou, Moi assassin), mais à la collection des Petits traités dessinés made in Tronchet, chez Delcourt, au côté de Petit traité de vélosophie et Footballeur du dimanche (et d’une certaine manière, les catastrophobes, édité par Fluide Glacial). A travers ces strips en une planche, l’auteur au trait épais et caricatural tente de décrypter avec toute la causticité dont il sait faire preuve les comportements des bébés. Comment interpréter ce que bébé veut dire lorsqu’il braille, lorsqu’il régurgite sur l’épaule, lorsqu’il lâche une grosse diarrhée dans son bain, lorsqu’il jette la télécommande de la télé dans les WC ? Et inversement, comment bien lui expliciter les choses essentielles de la vie ? C’est-à-dire la différence entre une voiture rouge et une voiture bleue ; ou l’impérieuse nécessité d’accepter un supo dans les fesses. Le ton assumé est celui de l’approche entomologiste – tout à fait bidon. On en apprend plus sur la capacité de prendre du recul et sur la dérision de Tronchet que sur « bébé » à proprement parler. La bonne nouvelle, c’est qu’à l’instar de Roland Barthe dans Mythologies, il y a une quantité quasi infinie de sujets de sociétés sur lesquels pondre des Petits traités rigolos. Vivement le prochain.