L'histoire :
A l’est de l’Océan Pacifique, s’étend le territoire de Gondwana, composé de royaumes et de tribus aux relations fragilement pacifiques. Les Anciens, massifs colosses d’argile, se voient peu à peu dépérir, et décident, à l’aube de leur mort, de quitter la vallée dans laquelle ils vivaient reclus, afin de rejoindre la Montagne Sacrée. Mais le voyage est périlleux et nécessite le soutien d’un contresprit protecteur. Rompant avec les lois de l’argile leur interdisant tout contact avec les humains, ils partent en quête d’une assistance que le roi Lingaré, chef des hommes-fourmis pourrait leur apporter. Sur leur trajet, Septentrion se sépare du groupe pour porter secours à une jeune princesse, nièce de ce même souverain, et épouse forcée du tyran Sanghir, qui fuit la violence subie à ses côtés. Entre eux, se noue progressivement une relation spirituelle intense, nourrie de la sagesse chamanique. L’évasion de Nefer, comme la migration des Anciens, vont cependant troubler l’équilibre précaire de l’île.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la lecture du sous-titre « Chants et contes des premières terres » annonce un recueil de légendes ancestrales, celle du livre suit pourtant un récit continu, bâti sur les codes des histoires populaires collectives. A l’instar d’une Princesse Mononoké, Nefer est habitée des valeurs du courage, de détermination, de générosité, s’opposant à la « couardise » de nombreux personnages – masculins – de l’histoire. La traversée du silencieux désert par la jeune femme assise sur l’épaule du monumental Septentrion s’apparente à une initiation, un cheminement vers la transmission. Ce livre d’Arnaud Boutle signifie en effet l’importance de la préservation de la sagesse, la connaissance, l’Histoire collective. Fragilisée par la vanité des hommes, elle est amenée à disparaître si l’écoute de la puissance du Monde et de sa Mémoire se fait défaillante. Guidé par un découpage et un dessin classiques, cette fable peine à se départir des clichés du genre, et à nous envelopper réellement d’une intensité chamanique, pourtant au cœur du sujet.