L'histoire :
Japon, 1650. A la mort de son maître, le ronin (samuraï sans maître) Yasunari tente de rejoindre la ville d’Osaka pour trouver un nouveau seigneur. Cela fait des jours et des jours qu’il marche sans avoir croisé âme qui vive, lorsqu’il arrive dans une petite ville portuaire. A son grand désespoir, alors que la nuit est tombée, le village est désert. Les demeures restent closes et les rares habitants qu’il rencontre sont prostrés dans une profonde méditation. Il se résout alors à passer la nuit sur un ponton, en attendant le matin. C’est alors que surgit Shôko, une jeune fille fort gracieuse. Très aimable, cette dernière lui propose le gîte et le couvert au sein de son « okiya » (la maison des geishas). Yasunari ne saurait refuser pareille invitation. Il pénètre alors dans une demeure qu’il n’avait pas remarquée à son arrivée, alors qu’il était justement passé à cet endroit. A l’intérieur, il est accueilli par une mère et ses trois filles, toutes superbes, et surtout de plus en plus aimable ! En compagnie de créatures de rêve au regard de braise, il se restaure, se réchauffe et accepte de se livrer à un petit jeu, un combat à l’enjeu carrément alléchant : soit il perd et devient le temps d’une nuit l’esclave des jeunes filles, soit il gagne et ces nymphettes seront ses esclaves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence par ce qui ressemble à un gros fantasme masculin : affamé, frigorifié et esseulé depuis des semaines, un homme plonge subitement dans les plaisirs de la vie et les délices de la chair en compagnie de créatures de rêve. Quatre geishas affables rien que pour lui ! On pense un peu à l’épisode de l’Odyssée, lorsque Ulysse se laisse charmer par le chant des sirènes… Par la suite, le récit devient plus onirique, tout en restant toujours d’une grande sensualité. Car si ce one-shot est à classer dans le genre érotique, il demeure très soft, baignant en permanence dans un graphisme d’une grande élégance, magnifié par le dessin délicat et chaleureux de Jung Henin. On se laisse porter par cette nouvelle légende asiatique comme les affectionne l’auteur. Après avoir réalisé seul La jeune fille et le vent et Kwaidan (2 fois 3 tomes), ce dernier travaille à présent avec son épouse Jee-Yun Thot, qui a une nouvelle fois concocté le scénario (ils réalisent également ensemble La danseuse du temps chez Dargaud). La comparaison la plus proche pour définir l’ambiance voluptueuse de ce récit initiatique, est le film de Nagisa Oshima L’empire des sens, ce qui n’est pas la moindre des références.