L'histoire :
C’est un grand jour pour John Leroy : lui et sa nouvelle compagne Julie quittent Paris en voiture, direction la campagne, afin de faire connaissance des parents de la demoiselle. Les sexagénaires sont plutôt sympas, bien que les discussions tournent sans cesse aux quiproquos. John aurait-il une propension à tout comprendre de travers ? La mère de famille serait-elle un peu dure d’oreille ? Bref, le dîner est un peu tendu et ses discussions surréalistes. John rentre seul à Paris. Le lendemain, il se réveille dans son appartement. Il prépare son petit-déjeuner en écoutant la radio, tout en jouant à un certain petit jeu. Soudain, les infos rappellent qu’on est passé à l’heure d’été. Alors qu’il se croyait à l’heure, John découvre soudain qu’il est atrocement en retard pour un rendez-vous important. Tandis qu’il fonce dans le logement pour s’habiller et avaler son café, c’est le moment que choisissent le facteur, le téléphone, un voisin qui déménage par l’ascenseur et une voisine qui prend toute l’espace de l’escalier, pour le retarder encore plus. Finalement John s’engouffre dans un taxi, dont les blagues et les jeux de mots finissent de l’embrouiller totalement. Il lui demande de foncer au 17 avenue du général de Gaulle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a que les habitants de grottes, qui ne connaissent pas Stéphane de Groodt. Les amateurs de ce chroniqueur TV et radio connaissent sa plume affutée au poil lorsqu’il s’agit d’alambiquer des phrases truffées de jeux de mots en cascade, et de rebondir pour enchainer son propos. Pour sa première incursion en bande dessinée (un exercice obligé, puisqu’il est belge), il trouve le juste biais et le dessinateur capable de relever le gant (Gand aussi est belge, mais on s’égare). Gare à la surprise : au terme d’une journée folle où le monde entier semble s’être ligué pour mettre en retard le héros, le substantifique ressort central de l’ouvrage met du temps à surgir… Mais lorsqu’il déboule, pas débile, il prend tout son sens et son sel. Or salé, ça l’est, notamment en matière de quiproquos et de confusions des mots (j’en tente la démo). Le pédigrée de l’auteur parle tant pour lui dans Qui ne dit mot, qu’on sent l’anguille sous grotte. Aussi, pour préserver votre plaisir de lecture, tournerons-nous à dessein autour du pro pot. Et puisque de dessin il aussi question, soulignons d’emblée celui de Grégory Pannaccione, proche du rough (il pratique « le dessin automatique ») et néanmoins d’une grande expressivité. John Siou ou Leroy, le héros, n’est pas de Groodt, mais l’auteur fait une apparition habilement caricaturé dans un rôle secondaire. L’ensemble forme une chronique sentimentale subtile, très actuelle et légère, à laquelle on ne dit pas non.