L'histoire :
Rose est une enfant qui vit à la Réunion avec sa famille. Elle pousse un cri d'énervement et part en courant. Elle est poursuivie par sa mère : celle-ci veut la coiffer avant qu'elle ne sorte de la maison. Mais l'épreuve est difficile à vivre, douloureuse et longue pour la jeune fille. Et ce rituel se passe chaque matin car... elle a les cheveux crépus. Elle dit à sa mère qu'elle la déteste pour ce qu'elle lui fait subir. Mais au fond, n'est-ce pas sa tignasse qu'elle ne supporte plus ? Rose a deux frères, qui n'ont pas ce problème, eux. Ils ont la tête rasée, personne ne sait à quoi ressemblent leurs vrais cheveux. Et sa mère les a lisses... Elle a tellement de chance ! Rose vit sa chevelure comme une injustice au sein de sa famille, mais également à l'extérieur. Dans son établissement scolaire, dans les publicités, partout, les femmes ont les cheveux lisses et soyeux. Ce qui n'est pas son cas, et on le lui fait bien remarquer. Perdue, elle tente même de prier Dieu pour qu'il lui donne accès à ce privilège d'avoir les cheveux lisses... mais rien n'y fait. Un jour, alors qu'elle joue, elle ouvre la porte de la salle de bain. Elle voit sa mère avec un formidable appareil : il lui lisse les cheveux ! Est-ce donc possible ? Rose n'a qu'une idée en tête : elle veut aussi essayer ! Sa mère lui dit qu'il faut attendre, que cela abîme les cheveux. Alors Rose attend. Pour son plus grand bonheur, elle goûte à ce plaisir lors du jour de sa profession de foi. Enfin, elle se sent belle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le nouveau roman graphique de Lou Lubie s'intéresse à un sujet bien particulier : les cheveux crépus ! Le lecteur découvre Rose, de son enfance jusqu'à l'âge adulte. Dès son plus jeune âge, elle est victime de moqueries, de harcèlement, à cause de sa chevelure différente. Pourtant, ses cheveux demandent beaucoup d'entretien, et elle est très dépendante de sa maman pour s'en occuper. En grandissant, elle part faire ses études en métropole et quitte La Réunion. Elle devient une jeune femme qui peut décider ce qu'elle veut faire de ses cheveux. Par rapport aux gens qui l'entourent, il n'y a pas le choix : si elle veut se fondre dans la masse, elle doit lisser ses cheveux. Elle teste de nombreuses expériences : lissage, tressage, coupe, tête rasée, au sein de salons de coiffure plus ou moins spécialisés. Lou Lubie glisse comme à son habitude de nombreuses informations didactiques, sur le cheveu crépu et son entretien. Le sujet est aussi un prétexte pour mettre en avant le racisme et le sexisme que vivent les femmes qui n'ont pas les cheveux lisses. Les codes sociétaux mettent en avant un stéréotype et les femmes en sont victimes. « Il faut souffrir pour être belle » : une phrase déclinée au féminin et non au masculin. Le titre fait référence à la fois aux cheveux, mais aussi aux origines, aux « racines » ethniques du personnage principal et à son ambivalence. Elle est métisse et ne rentre pas dans les cases. Cette bande dessinée instructive nous initie à un quotidien capillaire pas toujours évident.
