L'histoire :
Robilar est un chat gros et gras, lourd mais pas empoté. Il vit une vie de pacha dans le château des Carabia. Adoré par sa maîtresse, la comtesse, il est bichonné en permanence. Ils partent en carrosse vers le château du roi car celui-ci cherche un futur époux pour sa fille, et la comtesse veut présenter son fils, pourtant un tantinet efféminé. Alors que le voyage se fait de plus en plus cahoteux, la comtesse sort la tête par la fenêtre pour se plaindre à son cocher et n’a pas le temps de dire ouf. Le carrosse en entier est écrasé par l’énorme botte d’un ogre passablement grand lui-même et assez gêné du dégât qu’il a occasionné. Il décide de se transformer en aigle et de s’enfuir, ni vu ni connu. Le chat, seul survivant, se traîne sur la route et il est agressé par un paysan, recueilli puis rejeté par des jeunes filles en mal d’amour, enfin agressé et laissé pour mort par une bande de chats alcooliques. Il est finalement recueilli par le fils d’un meunier, Panisse, au grand cœur et à la petite cervelle. Le chat est accueilli par la famille à la condition qu’il chasse les souris. Le jeûne et la chasse le transforment, il devient un véritable guerrier. Il va pouvoir se venger.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le conte du Chat Botté est connu de tous. Popularisé par Charles Perrault dans Les contes de ma mère l’Oye (1697), il prend sa source dans un recueil de contes sanscrits du Vème siècle… Il a été repris et adapté de très nombreuses fois, dont le savoureux Chat Potté des studios Dreamworks. L’excellentissime David Chauvel (La Route de Tbilissi, Le Masque aux mille larmes…) livre ici une parodie truculente et drôle. Les récitatifs sont en vieux français de cuisine à la Jean-Marie Poiré et les dialogues font de nombreuses références, à Audiard (la scène de la gnole des Tontons révisée façon chats), aux comptines de notre enfance (la mère Michel) et même au répertoire contemporain (Panisse chante Les Moulins de mon cœur de Michel Legrand). Pour l’instant, aucun signe visible de lien avec le guerrier mythique du monde Greyhawk de Donjons et Dragons. C’est un plaisir de chaque page, des sourires qui se succèdent. Les rebondissements sont nombreux et le pauvre chat ne vivra pas tout de suite la vie de patachon à laquelle il est promis dans le conte. La narration est enlevée et laisse la part belle aux dessins, avec un trait fin et précis de Sylvain Guinebaud (La geste des chevaliers dragons T3, Détectives T1 et T7). Les personnages sont particulièrement expressifs et sa ligne claire est très dynamique. Les couleurs de Lou (Wollodrin) parachèvent une belle réussite d’ensemble. Un tome deux est annoncé, qui s’éloignera du conte initial mais devrait une nouvelle fois faire référence à de nombreux autres chefs d’œuvres du patrimoine culturel, et avec le sourire…