L'histoire :
Tout va de travers ! Ce n’est ni Ronchon, ni Grognon qui nous contredirons… Tenez, par exemple, l’autre jour, lorsque l’un des deux compères se met en tête de faire quelques plantations… Terreau, jardinière, rebord de fenêtre pour éclosion d’un spécimen végétal très urbain : le mégot de cigarette expédié d’un étage voisin… Tout fout le camp ! Assis en terrasse pour récolter des diabolos tiédasses ! Ça n’est quand même pas de leur faute si entre commande et première déglutition, un escadron de petites fesses et de beaux nénés s’est escrimé à les empêcher de boire frais… Tout agace ! Marre du boulot ! Gavé par ces épouvantables collègues, mieux vaudrait démissionner : mais comment se passer, alors, du plaisir de les critiquer ? Tout énerve : une couette et sa housse ; les miettes de gaufrettes ; les gueules de bois ; le saucisse-purée du bistrot d’à côté… Un bar, justement, dans lequel on fait des cocottes en papier avec son bulletin de loto… gagnant et qu’on le perd sous une banquette quand on tire le gros lot. Manquerait plus qu’une Ronchonette vienne mettre son joli minois dans les pattes de ces deux là…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Ronchon & Grognon est le dernier-né de la famille Queroy-Oiry qui, après fille et garçon, ont décidé de s’unir à nouveau pour accoucher d’un rejeton de papier. Si le papa Stéphane ne commet pas son premier forfait, la maman Suzanne, elle, se jette dans le bain pour la première fois. Pour son baptême, elle s’attaque à un genre savonneux et s’en tire plutôt bien : pas facile de faire rire dans un espace restreint par 4 rectangles… mais pourtant, elle y parvient souvent. Nul doute que les saynètes s’inspirent du quotidien de cette petite famille. Les 3 héros qui alimentent les strips ressemblent, d’ailleurs, à s’y méprendre à de bons gros doudous de garnements. Comme si Suzanne Queroy et Stéphane Oiry s’amusaient à secouer les peluches devant le nez de leurs enfants pour se moquer de leur mauvaise humeur. En revanche, ici ce sont plutôt les adultes qu’on raille à loisir : la french-touch qui fait de nous de sublimes emmerdeurs qui râlent à longueur de journée. Courtes et rythmées, les situations s’enchaînent avec malice, permettant d’installer les personnages qui en deviennent inévitablement attachant : on est d’ailleurs déjà impatient de les retrouver. Graphiquement, Stéphane Oiry se livre à un exercice de style qui interpelle obligatoirement : le trait grossier et la colorisation très moderne en font un mélange pour lequel notre œil n’est pas habitué. En tout état de cause, il s’agit là d’une collaboration réussie pour un album qu’on avale avec plaisir et sans s’en rendre compte. Détente assurée.