L'histoire :
Lycée Fénelon, Paris, 20 avril 1984. Pauline Tardieu appréhende le week-end qui s’annonce. Elle va devoir faire une dissert de philo pour la semaine prochaine. Ça ne va pas être simple pour elle, elle se rend à la sacro-sainte fête de famille de Pâques, chez sa grand-mère, à Ozain, en Touraine. En plus, elle va devoir se coltiner Gilles, son père mutique et peu disert, pendant tout le voyage en train. Après être passée prendre ses bagages chez sa mère, elle retrouve son père à la Gare d’Austerlitz. Soudain, un délinquant vient leurs faire les poches, armé d’un couteau. Ni une, ni deux, Gilles lui fait une clé de bras et le maîtrise au sol. Pauline est impressionnée. Son père lui explique que cela vient de sa formation militaire en Algérie, quand il était parti en tant que médecin militaire. Pauline aimerait en savoir plus. Réticent, son père finit par accéder à sa demande. Tout a commencé à la fin de l’année 1958. A cette époque, il est externe dans un service spécialisé dans les leucémies à l’hôpital Saint-Antoine. Il a choisi de partir en Algérie, non pas pour combattre mais pour soigner. Un choix qui n’est pas du goût de ses parents, ni de sa petite amie de l’époque. Mais qu’importe sa décision est prise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un triptyque consacré à John Edgar Hoover, Marc Védrines revient aux affaires avec la collection Mirages de Delcourt. Une fois n’est pas coutume, il s'agit d'un épais roman graphique de presque 130 pages. Découpé en 5 actes, il évoque la vie d’un jeune médecin pendant la guerre d’Algérie, un conflit longtemps tu en France, car tabou. Pour construire ce récit autobiographique, la scénariste (les noms des protagonistes et de l’auteure ont été changés pour respecter l’anonymat) s’est appuyée sur les véritables confidences de son père pour signer son premier projet BD. Quand elle se lance dans ce projet, Claire Dallanges cherche avant tout à mieux connaître son père en découvrant si sa radicalité chronique vient de son expérience algérienne. Ensuite, elle souhaite raconter le témoignage d’un jeune médecin de 24 ans qui soigne sans distinction militaires et civils, musulmans ou colons. Une sorte de pont entre toutes les composantes qui ont animé les évènements pendant 4 ans. Une belle réussite pour une première dans le monde du 9ème art. Il faut dire que la narration est soignée et équilibrée, ce qui offre un plaisir de lecture constant. Le dessin de Marc Védrines est dans la lignée de celui de sa précédente trilogie. Son trait reste efficace de bout en bout, tant et si bien qu’on a l’impression d’être au cœur de l’histoire. A noter, la couverture très réussie qui ne peut que donner envie de se plonger dans l'Histoire.