L'histoire :
Au cœur d’une civilisation précolombienne fantastico-antédiluvienne, un groupe d’esclaves a rejoint le temple interdit de Mitclan. Des guerriers félars se sont lancés à leurs trousses. Un seul en est revenu, porteur d’un message délivré par « les maîtres des cités abandonnées ». Amené devant le vénéré Uey Tlataoni, son funeste témoignage se transforme rapidement en folie destructrice, comme emprunte de possession démoniaque. Avant d’être trucidé par la garde, il a toutefois le temps de lancer la mise en garde qui lui a été dictée : les serpenters se sont réveillés et ils seront bientôt aux portes de la cité. Immédiatement, son corps est immolé. Pendant ce temps, à l’extérieur des temples, les sacrifices humains se poursuivent à un rythme effréné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Serpenters est un peu à la BD ce que Sepultura est à la musique... amplifiée : très intéressant d’un point du vue expérimental, mais fort peu accessible. Ou alors par quelques adeptes, souvent considérés par « la norme » comme des fous furieux, qui y distinguent contre toute attente une forme de talent. Serpenters, c’est avant tout une ligne graphique brute et sombre. Il faut reconnaître à Freddy Martin un talent inouï pour nous plonger dans ce sentiment morbide de fin des temps. La sauvagerie primaire et la négation de l’être, la bestialité de ces sociétés tribales prennent le lecteur aux tripes. Ses planches se lisent comme autant d’œuvres d’art moderne (surtout de la 42e à la 45e). Elles expriment des émotions fortes, un malaise profond, qui persiste longtemps au sortir de l’album. En ce sens, Serpenters deviendra certainement une référence du genre. Mais il est bien difficile de comprendre avec exactitude ce qui se trame dans cette immersion sépulcrale. Le scénario est lent, déstructuré, sans rythme véritable, les trames se croisent ou se superposent dans un embrouillamini de plans flous, sombres, stylisés à l’extrême, qui, même s’ils sont superbes, n’aident franchement pas la fluidité. De ce récit nébuleux, on comprend grosso modo que les serpenters sont de retour et qu’il faut les craindre plus que tout… mais que sont donc les serpenters ?