L'histoire :
A la mort de sa mère, en 2015, Mélaka décide de lui consacrer un album. Gudule était le pilier de la famille, avec son énergie et sa pensée positive. L’esprit rebelle l’habite depuis son plus jeune âge. Une façon bien particulière de concevoir la vie. Ce qui lui permet de rencontrer pleins de gens, d’écrire aussi bien pour la presse comme Charlie Hedbo ou des romans adultes et enfants. Elle trouve l’amour plusieurs fois et fera deux enfants. Mais la passion existe sans limite d’âge et de partenaire. Elle aimera un homme, Sylvain, qu’elle va accompagner jusqu’à la mort, due à un cancer. Par chance, un nouvel homme, Castor, entrera dans sa vie par la suite pour lui redonner du baume au cœur. Cependant, trois mois plus tard, c’est à son tour d’être gravement malade. Le cancer, surnommé Guillaume, gagnera du terrain. Il va transformer cette femme pleine de force en une vieille dame fatiguée. Le chagrin est dans le cœur de tous. Aucune rémission n’est possible. La mort sera le dernier soulagement pour elle et sa famille.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dessinatrice Mélaka témoigne ici de la vie de sa mère et de sa relation avec elle, de façon très délicate. Elle aurait pu ne raconter l’histoire qu’à travers son regard de fille qui voit sa mère changer terriblement. Mais elle a choisi de raconter cela à travers un regard extérieur et d’alterner le passé et le présent. Les couleurs sépia et bleu permettent de comprendre les changements de période et de point de vue. Ainsi, elle montre que sa Gudule a été une femme de courage, de folie et d’amour, avant de devenir malade. Elle donne à voir l’étonnante femme sous les bouclettes. Le dessin, d’une jolie expressivité, tout en douceur et en précision, donne un aspect touchant à ce récit. Une histoire de deuil n’est jamais facile à raconter. Mais il ne faut jamais oublier qu’avant de devenir un corps malade, il y avait un être qui contrôlait son corps et son esprit. On ne peut pas rester indifférent devant la déchéance d’une personne, surtout lorsqu’on est fusionnel avec elle. Le lecteur s’attache à cette Gudule, ainsi que la famille pleine d’attention et d’affection. L’amour déborde des pages. On finit par être ébranlé par ces mots simples et vrais. Un magnifique « cri d’amour, un cri d’adieu » comme l’indique Mélaka en préface. Une lecture qui touche et emplit de bienveillance.