L'histoire :
Tamba, 16 ans, est appelé à la barre d’un tribunal. Il doit répondre de ses actes en tant qu’ancien enfant soldat. Devant une foule vindicative, il va dérouler son histoire et tenter de mettre des mots sur l’indicible. Enlevé de son petit village à l’âge de huit ans par une troupe de mercenaire, il va apprendre très tôt le maniement des armes, l’usage de la drogue et la tuerie gratuite. Seul rayon de soleil dans cet enfer, Awa, une jeune fille de son village, enlevée au même moment que lui. Mais le temps passant, Awa devient une jeune fille qui attise la convoitise des soldats, et sera violée sans que Tamba puisse réagir. Ce drame va convaincre Tamba de fuir avec elle vers un camp de réfugiés. Là commencera leur long et lent travail de reconstruction. Mais les démons de Tamba ne sont jamais loin et la barbarie rôde : des bandes armées vont bientôt débarquer dans le camp pour tout détruire. Tamba doit fuir à nouveau avec Awa et son bébé, fruit des sévices qu’elle a endurés.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tamba l’enfant soldat est une tentative courageuse d’aborder le sujet hélas peu traité du sort des enfants soldats dans les guerres civiles. Malheureusement, le refus par les auteurs de situer le récit dans un pays précis et leur souci bien compréhensible de ne pas tomber dans le voyeurisme, rend le ton de cette BD trop général, restant en surface du sujet qu’il aborde. Aucune scène de violence n’est montrée, on s’en tient aux évocations du récit de Tamba, ce qui est une bonne idée pour rendre la thématique accessible à tous, mais donne l’impression de seulement effleurer le problème. De même que la responsabilité des gouvernements et le trafic de diamants résultant de ces conflits n’est que rapidement mentionnée, on aurait sans doute préféré en savoir plus sur ce point. Sans doute aurait-il fallu varier les approches, et ne pas s’en tenir à un seul témoignage, afin d’être plus explicite. Les pages finales, qui abordent le sujet sous forme de documentaire, permettent de replacer l’album dans son contexte mais auraient gagné à être davantage intégrées à la trame principale. Le dessin est assurément le point fort de l’album. Pour permettre au lecteur de s’y retrouver dans le témoignage parcellaire de Tamba, le dessinateur a la bonne idée de proposer plusieurs palettes de couleurs, dans les gris et marrons pour le tribunal, dans des couleurs beaucoup plus vives lorsqu’on passe au récit, et dans des tons bleutés et orangés lors des scènes de violence. Le trait faussement naïf donne à Tamba l’enfant soldat l’allure d’un conte initiatique, et permet tout de même une immersion efficace, malgré les quelques faiblesses de la narration.