L'histoire :
Une drogue nouvelle, qui rend lucide et carrément heureux tout à la fois, appelée « bonheur », est en passe de révolutionner le marché des stupéfiants. Ils sont nombreux à lui courir après : une bande de mafiosos excités de la mitraille, un gourou aliéné au strabisme divergeant, deux mercenaires mécaniquement modifiés et surpuissants, des indiens d’Amazonie écolos et revanchards, une junky totalement dépendante d’un innocent alien mou et désarticulé, deux fonctionnaires de police moyennement zélés et un couple de jeunes héros motivés… Tout ce petit monde se retrouve dans une même villa de Bandol, alors que débarquent deux navettes extraterrestres. A coup de faisceaux de plasma, les ET bombardent à l’aveuglette en tentant de récupérer « Huizilo Pochli »… En effet, le bonheur proviendrait directement des effluves que rejette cette fameuse créature, alias Bilou ou Space Bob, lorsqu’elle est stressée ! Or, si le plasma bousille la villa, il passe sans dommage à travers les humains, et les aliens sont obligés de rebrousser chemin sans Huizilo Pochli. Et tandis qu’à Marseille, les consommations de bonheur font les premiers heureux, une course poursuite infernale s’engage entre Bandol et la capitale phocéenne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo Morvan/Lejeune repart de plus belle dans cette aventure d’anticipation déjantée, soit exactement là où ils l’avaient laissée, c'est-à-dire en plein bordel. L’air de rien, le prolifique scénariste dévoile avec patience et minutie les rouages de cette série survoltée, parfaitement cohérente malgré l’agglomérat apparent de trames narratives hétéroclites. On connaît dorénavant dans cet album les rapports entre les nombreux personnages et la drogue « bonheur », ainsi que son origine peu banale. Sans doute un chouilla moins inventif visuellement que dans les précédents albums, Steven Lejeune continue néanmoins de dessiner avec un cocktail survitaminé dans le sang, sans doute à base de caféine pure et d’adrénaline trafiquée. Cela reste donc tout de même largement explosif et novateur ! Au registre des expérimentations, on s’amusera de moult détails bienvenus : une vue sur une planche entière (17) à travers un rétroviseur, donc totalement inversée (même les onomatopées) ; une bulle qui passe à travers une vitre (25) ; ou encore une planche « bilan » rigolote, à l’issue de la course poursuite (37). A noter : après Stamb et Kness, c’est au tour de Walter de coloriser la chose, à l’aide d’un éventail chromatique bien garni. Gardez votre ceinture bien attachée, la série n’est pas terminée…