L'histoire :
Didier Tronchet se souvient de son rôle de père auprès de son fils. Sur l’immense parvis d’une gare, son fils marchait tout juste, il batifolait en zigzagant, obligeant les gens à couper leurs trajectoires rectilignes, provoquant un joli bazar… Ce jour-là, Tronchet a su que ce fils allait en faire autant de sa vie. Lors d’un de ses premiers Noëls, en découvrant ses nombreux cadeaux, le fiston se réjouissait : « Wééé, on a gagné ! ». Un jour, en écoutant la radio qui donnait des nouvelles du monde, les tremblements de terre, le festival de Cannes, les résultats de foot, le fiston s’étonnait : « C’est fou, le monsieur qui parle, il sait tout ! » Il apprenait aussi à sa mère que la poésie permettait des rimes riches telles que « On a gagné les doigts dans le nez, on a perdu les doigts dans le cul ! ». Sa mère le contrariait en disant que ça n’était pas très joli et qu’il valait mieux employer le mot de « fesses ». A ben oui, mais alors ça rime plus. C’est raté sa poésie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il l’explique en début d’album, Didier Tronchet a retenu et noté tous les bons mots et les moments attendrissants en compagnie de son fils Antoine, entre l’âge de 4 et 8 ans, en bon papa attentif et acteur de son éducation. Il retranscrit ces expériences formatrices et ces réflexions infantiles dans ce recueil BD plein de tendresse et d’humour, parfois au rythme de plusieurs courts « strips » par page. L’authenticité de la spontanéité infantile se reconnait alors à sa capacité de nous faire parfois nous esclaffer. Ou de nous émouvoir, selon le biais utilisé par Tronchet, en alternance. L’auteur jadis pilier de Fluide Glacial avec son Jean-Claude Tergal et de Glénat avec son Raymond Calbuth, poursuit donc dans la nouvelle veine d’introspection familiale qui est sienne, remplie de gigawatts de tendresse paternelle et d’un regard légèrement décalé sur la condition humaine. Une nouvelle fois, il utilise ses expériences éducatives en compagnie de son fils Antoine (lire Robinson père et fils) et il s’en excuse auprès de lui en préface. Son dessin caractéristique pâteux et colorisé à la truelle ne cherche en aucun cas le réalisme ou la caricature. Il sert juste de support minimaliste aux historiettes, régulièrement émouvantes.