L'histoire :
En 2025, une guerre civile disloque la Chine du nord. Jack est alors un chef militaire au sein de la milice de Blackriver, engagée auprès du cartel Nido®, un « état privée » autonome et surpuissant. Avec son équipe, il exfiltre une neurobiologiste réputée, le professeur Liang, d’une ville perdue dans le désert de Gobi, juste à temps avant son bombardement par les troupes du général Han. 7 ans plus tard, à Shanghai, Liang travaille pour Paul sur un projet hallucinant : la première interconnexion entre un homme et un ordinateur. Leurs résultats sont stupéfiants : ils confirment les premières liaisons télépathiques… mais les cobayes meurent encore systématiquement de ruptures d’anévrismes. Les perspectives économiques de cette découverte valent au building du Nido® d’être attaqué par un commando suicide : l’espionnage industriel a visiblement profité à un autre micro-état privé concurrent. Par sécurité, une procédure de déménagement des labos est aussitôt enclenchée. Une zone abandonnée en raison de son immersion récente par les eaux est choisie : la Camargue. En parallèle, Jack se lance dans un recrutement de 5 nouveaux cobayes dans un bidonville lacustre. A ce moment, Liang est récupérée par les services secrets chinois ; Marie est devenue une véritable junkie, en proie au Spin, une drogue ultime ; et Paul croit mener une vie de médecin bien rangée à Chamonix…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Librement inspiré par le roman éponyme d’anticipation et de prospectives, publié par Jacques Attali en 2006, Jean-Pierre Pécau met en scène 4 anciens amis d’enfance devenus adultes, dans un avenir proche et réaliste. Le premier tome nous les présentait – Marie l’anguille, Jack le sportif, Thomas le médecin et Paul le bio-informaticien – et exposait leurs parcours jusqu’à la fin des années 20. Ce second tome reprend chronologiquement à l’époque des années 30, où chacun d’eux joue son petit rôle dans les mutations politico-techno-économiques des 50 prochaines années. L’ensemble est dessiné par Damien (déjà partenaire de Pécau sur Arcane Majeur) de très agréable manière. Ses encrages réalistes s’inscrivent dans un découpage et des cadrages idoines, et les technologies et paysages futuristes y gagnent aussi beaucoup via la colorisation minutieuse de Jean-Paul Fernandez. En revanche, la narration de Pécau est quant à elle de nouveau un chouya décousue et distante des faits (c’est un peu son talon d’Achille). Les séquences indépendantes s’empilent, durent rarement plus de 2 pages, et mieux vaut donc avoir les méninges reposées pour piger à 100% ces 54 planches. Cela dit, le scénariste prend visiblement toujours autant de plaisir à réinterpréter et détourner les rouages de notre civilisation humaine (ces 4 amis de demain influents sur la marche du monde font curieusement échos à ses archonte de l’Histoire secrète). Surtout, Pécau (et Attali !) sont géniaux, lorsqu’ils effleurent et interconnectent des perspectives futures astucieuses : les autonomies politiques régionales, la concurrence d’états privés issus des grandes entreprises mondiales, les conséquences de la montée des eaux ou le parc de caravanes pour addict-gamers… Le cliffhanger laisse espérer que le troisième opus se concentrera sur une double piste carrément flippante : la pleine utilisation des capacités cérébrales humaines et l’indépendance indétectable par les intelligences artificielles…