L'histoire :
Marie, son mari et son fils, sont aux sports d’hiver avec un autre couple d’amis. Mais le séjour touche à sa fin et rien qu’à l’idée de rentrer à Paris, Marie déprime. Le temps d’une clope sur le balcon, elle confie ses états d’âmes à sa copine. Elle en a marre de tout : son boulot, sa famille, elle a le cafard. Plus tard, sur l’autoroute du retour, la famille fait halte pour un café dans une station service. Là, esseulée un instant dans les toilettes des dames, Marie regarde le reflet de sa personnalité quelconque dans la glace et prend une décision soudaine. Elle se maquille à outrance, emprunte une porte dérobée, et se retrouve face à un camionneur un peu bourru. Elle lui demande du feu et… de l’emmener quelque part, n’importe où. Ce sera Nice. Elle envoie un ultime texto à son mari « Dis à Martin que je reviendrai » et balance son portable par la fenêtre. Une petite baise avec son camionneur dans un Formule 1 et elle se retrouve le lendemain sur la côte d’Azur. Elle tire un max de pognon au distributeur et se met à dépenser sans compter, et surtout sans penser aux conséquences. Nouvelle coupe de cheveux, shopping à outrance et deux nuits au palace Negresco. Elle saute nue sur son lit, libérée, folle de joie à l’idée de pouvoir faire ce qu’elle veut sans le moindre souci…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Vacance au singulier est à prendre au sens premier de sa définition : il s’agit plus d’une démission de responsabilités, que du laps de congés auquel nous aspirons tous. L’histoire est celle d’une mère de famille qui prend la décision de ne plus vivre que des moments de liberté totale. Après tout, les contraintes, les soucis, il suffit de les fuir et de les oublier, pour ne plus les avoir dans les pattes. Tout le monde a déjà imaginé ce phantasme : tout quitter pour se débarrasser des contingences qui nous pèsent, et vivre de l’air du temps. Marie, elle, le fait, et nous donne à constater le résultat. Cette philosophie hédoniste ultime trouve d’ordinaire rapidement ses limites dans notre société occidentale. Néanmoins, Marie bénéficie ici de la chance du débutant et poursuit quelques mois l’aventure sans véritable obstacle matériel. Mais quid de son équilibre psychologique ? Ce faisant, Cati Baur pose astucieusement toute une foule de questions essentielles. Trouve-t-on une satisfaction sur le long terme, à ne faire que jouir de la vie ? L’épicurisme est-il fondamentalement égoïste ? Peut-il être moral ? Issue du monde fabuleux de la blogosphère (et de l’accueil des éditions Delcourt), Cati Baur aboutit enfin cet album commencé il y a bien longtemps… Car entre deux, elle nourrit évidement son blog (cherchez « Princesse Capiton »), elle a fait J’arrête de fumer (où elle partage son expérience autobiographique) et… un bébé ! D’allure rapide et jeté, faussement désinvolte, son dessin se révèle tout à fait adapté à l’ambiance de cette aventure insouciante et fait mouche. Une excellente surprise, qui nous incite paradoxalement à embrasser notre condition !