L'histoire :
Le 7 avril 1498, le roi de France Charles VIII, âgé de 28 ans, succombe sans descendance après une agonie de 9 heures, laissant veuve la jolie Anne de Bretagne âgée de seulement 21 ans. Son cousin de 36 ans, Louis d’Orléans lui succède sur le trône sous le nom de Louis XII et se fait également introniser duc de Milan, par ses droits issus de sa grand-mère Valentine Visconti. Mais sa priorité est de s’assurer que la Bretagne reste au sein du royaume. Pour cela, il entend bien rompre son mariage avec son épouse Jeanne de France, dite « la boiteuse » et épouser en secondes noces la jeune reine douairière. Or il lui faut l’accord du pape Borgia, Alexandre VI. C’est donc à son chevalier Henri Guivre de Tersac, anobli comte de Piquessègue, qu’est confiée la mission d’aller négocier avec le Saint Père. Chemin faisant, sa troupe est anéantie et lui gravement blessé par de mystérieux brigands masqués qui le pourchassent jusque dans sa chambre du Vatican où il a trouvé refuge auprès de son ancien comparse Blasco de Villalonga, désormais au service des Borgia. Le meneur n’est autre que Carlos Manrique Lara, vieux rival amoureux de Blasco et homme de main de l’ambassadeur espagnol Gonzalve de Cordoue, qui opère en sous-main pour faire échouer les négociations franco-papales. Malgré tout, César Borgia, qui s’est débarrassé de son encombrant frère Juan, rejoint la France afin de négocier la nullité du mariage royal auprès de la reine Jeanne, peu encline à l’accepter. Ainsi fait, Charles XII peut enfin épouser l’ancienne reine Anne de Bretagne et conserver son duché dans la couronne, alors que le jeune Henri Guivre de Tersac se voit promise la belle Charlotte d’Albret, fille du duc de Guyenne. Mais quand, à la suite d’un duel à 3, interdit par le roi, Henri et Blasco éliminent Manrique, ils se voient condamnés à l’exil hors de France, laissant ici tous leurs rêves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est avec toujours autant de plaisir que nous retrouvons les dessins de Calderon, dans cette intrigue historique entre France, Italie et Espagne. Depuis le 1er opus, l’aventure nous emmène sous les règnes des Valois et désormais Valois d’Orléans, en pleine tentative de conquête du royaume de Naples. Cette histoire fort peu connue de l’Histoire de France nous révèle parfaitement toutes les tractations politiques, toutes les coalitions et autres coups bas et trahisons de l’époque, entre des monarques peu scrupuleux et une papauté des Borgia plus que décadente. Au milieu de cela, nos deux jeunes héros anonymes rejoignent la grande Histoire, en en subissant souvent les conséquences, bien malgré eux. Au scénario, Thierry Gloris réussi la gageure de nous embarquer dans ses intrigues royales sans nous perdre en chemin, avec juste ce qu’il faut de fiction réaliste dans la véritable Histoire. Il faut dire que les textes sont limpides, légers et très léchés, et le dessin plus que sensuel. Tous les personnages, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, sont agréables aux traits et terriblement vivants dans leurs expressions. Les couleurs d’Angelo Iozza y sont pour beaucoup, retranscrivant sublimement la poussière des champs d’été aussi bien que la lueur du petit matin. Et si vous ajoutez à tout cela des combats bien menés et ficelés, des cités fortifiées à l’envie, des canonnades bruyantes, des armures aux reflets d’or et d’argent, des étendards chatoyants, le tout saupoudré de quelques scènes de volupté charnelle… vous obtiendrez tous les ingrédients du succès d’une grande saga historique.