L'histoire :
Elisa est une petite fille de 8 ans. Ses camarades à l’école ne sont pas toujours très gentils et la surnomment « Zaza Bizar ». Les moqueries sont quotidiennes. Elisa souffre de troubles du langage. Elle ne s’exprime pas toujours très bien. Pour faire face aux mots blessants qu’elle entend, elle s’enferme dans sa bulle et parle à son journal à qui elle dit tout : « A toi je te raconterai tout, même les mots les plus difficiles à dire... ». Comme elle n’est pas « normale » elle est rejetée, mais elle trouve de la sérénité dans son petit monde, celui qu’elle s’est construit et qui la rassure. Puisque ses mots ne sont pas les bons, et que personne ne les comprend bien, elle se crée son propre langage. Certes, ses mots ne sont pas toujours justes, mais son imaginaire est sans fin. Zaza confie ses pensées même les plus intimes à son journal. Zaza préfère la nuit. Elle la rassure, parce qu’il y a les étoiles et aussi son amie araignée Arianée, à qui elle parle avec son langage. Ses parents ont pris rendez-vous avec une nouvelle « pécialiste ». Encore une... Mais cette fois, Zaza l’aime bien parce que c’est « la dame des secrets ». Elle reviendra la voir bientôt parce qu’elle a une boîte magique que Zaza est impatiente d’ouvrir. Elle n’aime pas l’école, mais elle a un nouvel ami, Léo. Comme elle, il est persécuté par les autres enfants parce qu’il voit mal et a des lunettes. Ils se comprennent et deviennent inséparables.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a beau dire que la disparité fait la richesse, dans la réalité, la différence effraie. Les gens « hors normes » sont souvent rejetés par la société. Nadia Nakhlé est précédemment l’autrice du roman graphique Les oiseaux ne se retournent pas, qui relate l’histoire émouvante d’un enfant qui fuit son pays en guerre. Ce nouvel ouvrage aborde les troubles du langage, notamment les enfants « DYS ». Un sujet sensible, discret et peu évoqué en bande dessinée. Quand le diagnostic est posé, elle explique les termes complexes et barbares que réunissent les DYS : la dysphasie, la dyslexie, la dyscalculie et la dysorthographie. Nadia Nakhlé met aussi en avant l’imaginaire débordant des enfants différents (DYS, autisme...). Ici, Elisa est une fillette attachante, sa naïveté est touchante et l’autrice nous livre son journal, avec ses fautes d’enfant. Elle utilise une typologie d’écriture scolaire séduisante, à laquelle elle ajoute du contenu explicatif sur certaines pages. Son graphisme sombre et bleuté est troublant. Sa mise en page, façon journal secret, est riche et attrayante, malgré des couleurs foncées. Le récit est délicat, profond et poétique. Faire accepter la différence par la lecture et plus particulièrement le roman graphique est un pari réussi. Cet album est plein d’espoir et magnifique, une hymne à la tolérance.