L'histoire :
Lors d’un brainstorming dans une agence de publicité, les participants se penchent sur le wording à utiliser pour vendre une marque de whisky de prestige, Pale horse. Quelques semaines plus tard, cette bouteille est choisie par un mystérieux acheteur à la caisse d’un drugstore. Après avoir bien fumé et bien bu la veille au soir, puis avoir rêvé d’Elvis Presley, César se réveille dans son lit parce qu’on lui lèche les pieds. C’est un chien, bedonnant et inoffensif. Qu’est-ce qu’il fout là, ce clebs ? Trop occupé à jouer derrière ses lunettes de réalité virtuelle, son colocataire n’en sait rien. Il n’avait même pas remarqué qu’il y avait un chien dans l’appart. César va consulter un toubib, car il a un problème au bras : il ne peut plus le bouger. Le toubib lui prescrit une attelle. C’est le nerf qui a dû être un peu compressé. Puis César va chez son pote Alexandre pour lui soumettre la problématique du chien. La seule analyse d’Alexandre, c’est que le proprio du chien doit être un gros con. Puis ils partent boire un coup dans le bar où ils ont leurs habitudes. Et tandis qu’Alexandre raconte pour la millième fois un rêve bizarre à une femme, les infos locales passent à la télé. Un gardien de zoo nommé Cortez a été retrouvé mort dans l’incendie de sa maison. Une photo de lui est diffusée. Une photo de lui… avec son chien ! César et Alexandre reconnaissent aussitôt le clebs qui leur colle aux basques depuis le matin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa structure narrative chorale, détachée de toute intrigue majeure et centrale, et son ton de thriller social foutraque, ce Hound dog semble emprunter beaucoup au cinéma des frères Coen (Fargo, Burn after reading…). Le biais initial fait penser à un « marabout-de-ficelle » : on est initialement installé dans un brainstorming en agence de pub… brainstorming pour une marque de whisky… whisky que va acheter l’un des protagonistes de l’histoire… protagoniste qui possède un chien… chien qui… Etc. Aucun élément ni personnage ne semble primordial dans cette construction, et pourtant tous jouent un rôle, si possible superfétatoire, mais efficient. Les deux personnages de César et Alexandre finissent par se dégager sur le devant du récit et par mener une enquête de proximité (de voyeurs). Car ils ne sont pas flics, juste des membres lambda de cette Amérique contemporaine de rednecks urbains. Cette méthode narrative rend cette histoire tout à la fois imprévisible, drôle, foutraque, glauquissîme et tragique. Les fausses pistes pullulent, tout comme les scènes d’anthologie façon The big Lebowsky. L’encrage appuyé du dessin, aussi propret mais plus réaliste que les œuvres de Brüno, se complète d’une colorisation d’une gamme restreinte de teintes fades en aplats et participe d’un rendu ad hoc en clair-obscur. Vous aimez les chiens ?