L'histoire :
François Olislaeger, dessinateur, et Mathilde Monnier, danseuse et directrice du Centre Chorégraphique National de Montpellier, se rencontrent au festival d'Avignon en 2008. François veut apprendre à danser, ce qui laisse Mathilde sceptique, au début. Peu à peu, le trouvant charmant et doué, elle l'invite à dessiner lors des répétitions de sa nouvelle pièce Pavlova 3'23. Profane en la matière, mais curieux et ouvert, François recueille les réflexions, analyses et ressentis de Mathilde sur l'art de la danse. Son expérience avec une autiste, la réflexion sur le « langage silencieux », le langage de l'espace et du corps quand le simple langage n'est pas structuré, lui ont notamment donné l'idée d'une pièce (L'Atelier en pièces). Mathilde, danseuse en recherche, artiste talentueuse, explique à François la genèse d'un mouvement, l'essence d'un geste, puis raconte son expérience et ses collaborations avec l'écrivaine Christine Angot et le chanteur Philippe Katerine...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'image d'Etienne Davodeau, qui nous faisait découvrir le monde des vignerons dans Les ignorants, François Olislaeger nous emmène dans l'univers de la danse contemporaine via sa rencontre avec la chorégraphe Mathilde Monnier. Un monde d'ailleurs peu connu du grand public, proche du théâtre. Le dessinateur tente donc de retranscrire sous son crayon l'ambiance propre au Centre Chorégraphique National de Montpellier, mais aussi le mouvement, l'essence du geste, les sources d'inspiration à partir du témoignage à la fois simple, érudit et plein d'expérience de la danseuse, Mathilde n'hésitant pas à plonger dans son histoire personnelle pour expliquer une pièce et donner du sens à son travail. Elle évoque également la naissance et l'évolution d'une troupe, les doutes rencontrés pour, in fine, tenter de transmettre au plus près son art. Certains passages sont ainsi passionnants, quand Mathilde raconte comment naît une danse (Il faut être vraiment dans l'instant, disponible à ce qui vient de nouveau. Sentir le réel. Sentir son poids. Se répandre. La danse contemporaine, c'est jouer avec la gravité, être très connecté avec la réalité. Je danse avec un temps organique...). Où c'est l'intention qui crée le mouvement et le mouvement qui crée le temps, dialogue entre le corps et l'esprit, mélange d'improvisation et de travail acharné, presque aliénant. Autre moment captivant, la collaboration avec Philippe Katerine, d'où filtre toute la difficulté et la folie d'une mise en scène. D'autres séquences, en revanche, sont plus ternes ou ennuyeuses. Le passage sur Christine Angot, qui a travaillé avec Mathilde Monnier ou les souvenirs de famille. Graphiquement, si l'on sent François Olislaeger moins à l'aise que Bastien Vivès ou Ruppert et Mulot pour restituer la grâce, la précision et la rigueur d'un mouvement, il faut aussi souligner sa capacité à traduire une atmosphère ou un ressenti, dans une veine contemplative. A la fois documentaire intéressant et initiation à l'art de la danse et au processus créatif, ce témoignage en forme de transmission de savoir et d'expérience risque de vous surprendre, pour peu que le sujet vous intéresse.