L'histoire :
De nos jours, une radio de Madagascar annonce une horrible nouvelle. Le corps d’un petit garçon de 9 ans a été retrouvé sur la plage de Kimony, amputé de ses organes génitaux. Dès le lendemain, un ministre appelle madame le maire de Morondava, pour exiger que l’enquête aboutisse vite et que cessent les méchantes rumeurs de trafic d’organes. Une vague d’hostilité est en effet déclenchée à l’encontre des vazahas (blancs) tenus pour responsables en raison du tourisme sexuel. Devant l’incompétence revendiquée par la maire, le ministre décide de lui envoyer un expert. Le lendemain, le bourru commissaire Surgit accueille Ny Ravo, de type asiatique et bedonnant. Il le conduit aussitôt chez madame le maire, à laquelle il explique qu’il n’est pas précisément enquêteur, mais médecin légiste indépendant mandaté par le ministère. En effet, les morts parlent parfois plus souvent que les vivants… Dubitative, la maire lui signe toutes les autorisations qu’elle peut. Mais le commissaire ne se fait guère d’illusion sur la nature de « l’enquête » : l’enfant assassiné appartient à l’ethnie des vézos, une communauté très fermée de pêcheurs traditionnels. Il est sûrement déjà enterré et toute exhumation à des fins d’autopsie relèverait du sacrilège. Mais Ny Ravo est opiniâtre et doté d’une certaine faculté d’adaptation. Il commence par s’imprégner de la culture locale en passant sa soirée à la gargote locale, l’Oasis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Edité par l’éditeur réunionnais Des bulles dans l’Océan, Haza’Lamy prend la forme d’un polar sur l’île de Madagascar, prétexte futé pour partager les us et coutumes locaux. Et notamment, nous découvrons les relations complexes qu’entretiennent les autorités avec la communauté traditionaliste des « vézos », des guerriers-pêcheurs qui habitent sur 700km de la côte Ouest de l’île, le long du canal du Mozambique. Le scénariste Franco Clerc prend le temps de présenter la problématique du meurtre, la mentalité locale plutôt farniente et la personnalité folklo de « l’enquêteur » qui paraît initialement à contre-emploi. Tel l’inspecteur Columbo, mais médecin légiste de profession, Ny Ravo passe en effet pour un touriste, avec ses tongs, ses grosses valises, sa dégaine de sumo en chemise hawaïenne, ses gouttes de sueur permanentes sur son front, son manque de personnalité pour s’affirmer comme la maigre solution à un gros problème. Il fera cependant jour sur l’affaire, avec lucidité, patience, méthode et en évitant les fausses-pistes, les auteurs lui accorderont pile 100 planches pour y parvenir. Malgré une fin un peu rapidement expédiée, et un titre incompréhensible (du moins dans cet hémisphère), l’intrigue de polar est fort bien huilée et parfaitement accrocheuse. L’album est d’autant plus agréable à suivre que le dessin bien coloré de Stephan Pelayo est au point, avec un style oscillant entre le caricatural et le semi-réaliste, une originalité finalement cohérente sur la durée.