L'histoire :
En l’an 28, Judas jeune adulte s’impatiente de voir arriver en Judée le « messie » promis par les prophètes. Lui et ses amis zélotes n’en peuvent plus de l’occupation romaine. Son ami Simon lui rend visite, alors qu’il est en pleins ébats dans une bergerie avec son amoureuse Maryam. Il l’enjoint à venir écouter un certain Jésus de Nazareth, qui prêche à Capharnaüm. Selon lui, il n’y a aucun doute que c’est lui, le messie. Deux ans plus tard, sur le mont Golgotha, sur ordre du centurion Cornélius, les romains décrochent le corps de Jésus Christ de sa croix, a priori mort. Au même moment, Judas en rage cherche Maryam dans différents lieux de la ville basse de Jérusalem. Elle l’a quitté pour Jésus et c’est donc par vengeance et jalousie qu’il a « vendu » ce dernier aux romains. Les autres savent qu’il a trahi, il lui faut donc fuir et se faire passer pour mort. Il tue un mendiant qui lui ressemble, il l’habille avec ses vêtements et le pend sous un olivier, pour faire croire à un suicide. Puis il s’exile afin de rejoindre une communauté de zélotes, à quelques jours de marche à travers le désert…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture n’est pas très engageante et le titre illisible (Notzrim signifie les nazaréens, alias les disciples de Jésus). Mais une fois qu’on fait l’effort d’entrer dans cette histoire de Judas – et oui, le vil traître qui a « vendu » le Christ aux romains – elle se laisse tout de même lire avec un certain étonnement. L’effort de documentation et de retranscription historique est fait, notamment à travers le dessin de Wayell, même si la vision du scénariste Patrice Bavoillot est largement romancée. L’axe est plus politique et relationnel que religieux (cet album ne recevra pas le prix œcuménique…). Trois planches montrent Judas avant sa rencontre avec Jésus, puis cela enchaine directement sur la « mort » de ce dernier sur le mont Golgotha. Toute la vie d’apôtre de Judas disparait dans l’ellipse, pour se concentrer sur sa vie « d’après ». Car dans cette version fictionnelle et non biblique, Judas ne s’est pas pendu, rongé de culpabilité. Dans la veulerie qui le caractérise, il a pendu un cadavre à sa place… puis a rejoint les zélotes (un groupe partisan d’une autonomie à l’occupation romaine). Puis 15 ans après la pseudo résurrection du Christ, vous en apprendrez tout comme lui des vertes et des pas mûres sur ce qu’il s’est « vraiment » passé. C’est surprenant et c’est une version plausible, bien que rocambolesque, surtout vers la fin. Le dessin a tendance à montrer des personnages qui se ressemblent et se lancent systématiquement des regards noirs. Ça ne donne pas plus envie de vivre en Palestine à cette époque qu’à la nôtre. Le visuel est plus réussi sur les panoramas immersifs sur la vie en Judée du 1er siècle, que pour les scènes d’actions quasi toutes bancales et mal proportionnées.
