L'histoire :
La Première Guerre Mondiale vient d'éclater. La Belgique subit de plein fouet l'attaque de l'Allemagne. Deux frères sont envoyés en mission par leur officier. En réalité, c'est un vrai casse-pipe et les frangins viennent de tirer un ticket vers abattoir. Il est évident que le gradé prend une petite revanche sur la condition prolétaire de ces deux-là. Des ouvriers, des grandes gueules. De ceux qui se permettent de mener des mouvements de grève, allant même jusqu'à revendiquer le droit de vote ! Mais leur mère et leur sœur ne sont pas au bout de leur peine, car le cadet de la famille prend les armes et disparaît aussi. Une rumeur leur parvient toutefois : il serait passé en Hollande, un pays qui a conservé sa neutralité. Les deux femmes décident alors d'embarquer sur l’Atlas V, un remorqueur bourré de passagers clandestins qui fuient la Belgique envahie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Année de commémoration oblige, on peut tous s'attendre à un déferlement de reportages, documentaires et récits en tous genres relatifs à « la der des der ». Comme en quatorze a le mérite de se démarquer du lot. Parce qu'il s'agit d'une fiction qui recoupe des éléments historiques et que le point de vu narratif est assez original. En effet, le lecteur est invité à suivre le parcours (du combattant) de deux femmes qui veulent savoir si leurs fils et frères – respectivement – sont morts sous les balles de l'ennemi ou s'ils ont été flingués par leur propre officier. Avec cette histoire, Philippe Brau remet en perspective les tensions sociales qui existaient avant que La Grande Guerre n'éclate. Il nous rappelle brillamment que les soldats étaient des ouvriers et que les officiers étaient issus des familles riches, appartenant à des dynasties industrielles ou des aristocrates. Dans l'armée, la hiérarchie épousait celle des classes sociales. C'est ce qui se démarque, dans cette BD, tout comme le fait qu'on y voit la guerre à travers les civils, ceux qui n'ont pas été mobilisés. L'hommage rendu à l'équipage de l'Atlas est également réussi. Le navire et son capitaine ont réellement existé et on voit bien les risques pris pour faire passer des compatriotes au nez et à barbe des allemands. Georges Van Linthout illustre le récit de son trait semi réaliste. On peut parler d'un gris crayonné plutôt que d'un Noir et Blanc, ce qui renforce aussi l'aspect intimiste du récit. Une chouette histoire sur 14-18...