L'histoire :
A l’école, Iñaki est complexé par sa grande taille et son manque de répartie lorsqu’on l’interpelle pour se moquer de lui. Il reste interdit, bouche bée, incapable de prononcer le moindre mot… ou alors en bégayant, déballant ainsi devant tout le monde sa faiblesse sociale. L’un de ses « camarades » de classe lui attribue un jour un surnom : « Théodule ». Il est devenu Théodule le débile. A la maison, sa mère s’inquiète, car Iñaki ne parle pas beaucoup non plus. Elle a conscience de ses limites intellectuelles et de son complexe croissant. Il n’y a qu’au basket que tout se passe bien. Parce qu’évidement, son gigantisme, à son âge pré-pubère, lui permet souvent de faire briller l’équipe. Les choses s’enveniment lorsque le caïd de l’école le prend en grippe et se met à en faire sa cible prioritaire de harcèlement. Iñaki se retrouve souvent seul à la récré, à enchainer les paniers à 3 points. Mais là encore, le caïd le provoque, jusqu’à le violenter et lui coller des baffes. Sa prof de maths repère ce manège, mais elle n’a que peu d’empathie réelle. Sous prétexte de protéger Iñaki en lui proposant de rester désormais en classe pendant ses récréations, elle accentue son mal-être en le ridiculisant en l’envoyant au tableau ou en commentant ses devoirs avec des notes déplorables.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire du harcèlement scolaire authentiquement vécu par un enfant complexé par sa grande taille et son manque de charisme. Une histoire vraie, puisqu’elle fut subie par le joueur de basketteur professionnel Iñaki Zubizarreta, un colosse de 2,07 m, aujourd’hui retraité de son sport (52 ans). C’est lui-même qui s’est livré aux auteurs Fernando Llor (scénario) et Miguel Porto (dessin) pour raconter comment ce harcèlement l’a réellement mené au bord du suicide. A la lecture de ce témoignage, il faut reconnaître qu’il y avait de quoi, étant donné la violence des sales gamins qui l’ont pris pour cible. Ayez le cœur bien accroché, car ça va loin… les humiliations se réitèrent jusqu’à la nausée, et vont croissant. Même si le dessin est parfois un peu expéditif sur les postures, les proportions ou les expressions faciales, sur le plan narratif c’est donc éloquent. Sur le plan du réalisme, on s’étonne tout de même qu’Iñaki, né en 1972, ait pu recevoir des SMS humiliant sur son smartphone (donc au début des années 80… alors que le Minitel débutait tout juste). Mais ce dérapage anachronique contrôlé est sans doute destiné à mieux s’adresser aux jeunes d’aujourd’hui, en faisant un tour exhaustif du sujet du harcèlement. Cet album au format comics et couverture souple a été publié en espagnol en 2020 par les éditions Panini, sous le titre Subnormal, una historia de acoso escolar (qu’on pourrait traduire par : QI inférieur à la moyenne, une histoire de harcèlement scolaire).