L'histoire :
12 juin 2005, Milan. Cela fait déjà 5 heures que Laura est scotchée derrière l’écran de son PC. Depuis que la guerre a éclaté au Yemen, il n'y a pas un matin sans qu'elle ne se préoccupe de savoir ce qu'il se passe là-bas, pour en parler à la radio. Laura est journaliste, en contact avec plusieurs agences d'informations. Elle reçoit les messages de ses amis de Sanaa. La ville qu'elle a connue est devenue méconnaissable. Amina lui dit qu'elle n'a plus de connexion Internet fiable, mais qu'elle va bien, et que certains parlent de guerre civile. Hanien lui écrit que sa nuit a été atroce. Jamilla lui écrit que sa fille est terrorisée, qu'elle n'a pas pu dormir de la nuit et qu'elle n'arrive pas à se rendormir... Trois ans avant, Laura était là-bas, invitée par ces femmes au mariage de Jamilla, pour une fête de quatre jours. C'était le temps des études au Yemen College of Middle Eastern Studies. Une vie partagée avec la petite communauté des expatriés de ce pensionnat et de ses professeurs. Une vie quasi monacale, où elle rentrait seule à sa chambre, après avoir soupé, avant 19 heures, et s'endormait au son du dernier appel à la prière, l'Adhan...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laura Silvia Battaglia est journaliste, correspondante pour de nombreux médias italiens et internationaux au Yemen, enseignante également à Oxford. Elle a commencé à travailler en 1998 pour le quotidien de Catane, sa ville natale, puis à couvrir, depuis 2007, les zones de conflit au Moyen et Proche-Orient. Elle y tourne huit vidéos auto-produites et vendues, décroche plusieurs prix de journalisme. Avec la collaboration au dessin de l'artiste Paola Cannatella, autre native de Catane, elle délivre un témoignage brut de la vie locale, quelques mois avant que la guerre ne le plonge dans le chaos. Le Yémen de Laura se décline tout en beauté et le récit alterne les tranches de vie légères avec d'autres, au contraire, dramatiques. Comme celle de cet homme qui vit avec les débris métalliques du drone qui a fait exploser la voiture dans laquelle était son frère. Mais à travers les fêtes, c'est l'énergie de la vie qui continue et le cérémoniel des mariages est rendu de façon particulièrement précis. La fouille par la Police à chaque entrée, les niqabs qui masquent strass et paillettes, maquillages, robes et colliers inspirés de la Reine de Saba... Laura retrace aussi ses rencontres avec le Cheik Abullah Al'Seikh et son amitié profondément respectueuse pour cette haute autorité politique et spirituelle de Sanaa. Et puis on a le sentiment que tout bascule et qu'elle rentre en Italie pour se sauver... L'épouse yéménite est un récit singulier, porté par l'amour que cette femme y a trouvé et celui qu'elle voue à ce pays.