L'histoire :
A 15 ans, Jérémie n’a pas eu trop le choix : quand ses parents ont divorcé et que son père a fermé son resto à Rennes, ils ont tous les deux déménagé dans une petite bourgade portuaire paumée. Et tandis que son père Daniel termine de retaper un bar-tabac – avec la bénédiction de la mairie – Jérémie doit se faire des nouveaux amis au lycée. Un soir, il aide à faire monter dans le bus une camarade métis qui a crevé une roue et ne peut donc pas rentrer chez elle en vélo. Le bus est bondé et elle se fait donc pourrir par les autres élèves. Jérémie prend sa défense, une rixe débute… et ils sont aussitôt éjectés du bus par le chauffeur. Ce faisant, Jérémie s’est néanmoins fait une bonne amie. Tandis qu’ils prennent le chemin de leur patelin à pied, ils font plus ample connaissance. Jérémie apprendra que le père de Maëlys est mort récemment d’un cancer du poumon, après avoir trop fumé… une info moyennement raccord avec l’ouverture du bar-tabac paternel ! Maëlys est d’ailleurs entrée en guerre contre le tabagisme et aussi contre les promotions pour des parfums originaux de vapoteuses à destination des jeunes, avec des goûts sucrés. De fait, Jérémie commence à reprocher à son père son fond de commerce. Les réponses fusent : « Tabac et vape sont interdits aux mineurs. Personne ne pousse qui que ce soit à vapoter. Le vapotage est une alternative à la cigarette, il aide les gens à ne plus fumer ». Jérémie est un peu perdu avec ces infos contradictoires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de cette BD publiée par les « sociales » éditions Des ronds dans l’O ne fait aucun mystère sur son propos. La vape et les puffs sont assurément un biais différent de la clope pour s’empoisonner le corps, à des fins de… heu… gourmandise récréative ? A peine. Au travers du dessin stylisé en noir et blanc d’Emilie Dambreville, le journaliste d’investigation spécialisé sur les questions de santé Guillaume Coudray met en scène deux lycéens qui font de cette pratique de la vape leur cheval de bataille. Leur motivation est on ne peut plus cohérente : l’une a perdu son papa d’un cancer du poumon, l’autre est amoureux de l’une. Au cours de leur enquête et de leur militantisme, ils mettent essentiellement en évidence le procédé marketing infâme pour séduire le public jeune. Les parfums sont présentés comme des sucreries et se portent sur des supports qui échappent à la règlementation sur les produits nocifs pour la santé (comme le tabac ou l’alcool). Sans doute pour éviter de noyer le lecteur profane sous des explications scientifiques, la dimension sanitaire n’est hélas pas abordée. On ne saura jamais à quel point la vape est nocive (plus ou moins que le tabac ?). Régulièrement, les auteurs renvoient vers des documents (vidéos et affiches) via des URL explicatives sur les méthodes publicitaires… Or pour les avoir toutes testées, ce qui ressort est un peu hermétique et peu pertinents. Les quelques QRCodes sont quant à eux malheureusement imprimés trop petits pour qu’on puisse en faire quelque chose. Un point historique est tout de même fait : le vapotage a été inventé par un chinois, Hon Lik, en 2004, qui a revendu son brevet en 2013 à une société hollandaise pour 75 millions de dollars. Bref, sur de bonnes intentions de lancement d’alerte, cette BD plutôt agréable à lire aurait surtout pu être plus percutante. Sans doute, le vapotage est une alternative à la cigarette, mais est-il moins dangereux ? Et au fond, surtout, est-il utile ?
