L'histoire :
La poudre aux yeux : Un jeune parle de son refrè Alex. Liés comme un refrain à son couplet, ils sont le reflet l’un de l’autre. Selon Alex, tout est écrit, c’est le mektoub, et il s’emploie chaque seconde à le réaliser. A cinq ans, il était déjà figurant dans un clip de rap, c’est dire. Un ailler ce Alex ! Quand les émeutes commencèrent, ils avaient sept ans. Mais son double nuisible voulait buter du dek. Avec plusieurs potes, ils jetèrent des parpaings sur l’autoroute et caillassèrent les pompiers. Ce fut le début de la descente aux enfers…
Les aveugles : Jihane a le courage d’aller au commissariat porter plainte. L’inspecteur se montre rassurant avec sa mère qui l’attend. Une fois dehors, la jeune fille retourne au collège. Karima, son amie, s’enquiert de savoir si elle a tout dit. Ouais, elle a tout raconté, et pourtant elle ne se sent pas vraiment mieux. D’ailleurs, ira-t-elle mieux un jour ? C’est ce que se demande aussi Karima, qui hésite à imiter Jihane. Avec ses parents, c’est pas facile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Remedium est aussi professeur des écoles au Blanc Mesnil (93). Il s’est inspiré de faits réels pour conter sept histoires liées au personnage principal de son album : la cité. Sans concession, tapant dans des clichés malheureusement vrais, il offre une occasion aux gens des beaux quartiers et même des moins beaux, de se rendre compte de deux choses : la vie des « racailles » n’est pas si binaire qu’ils le croient, et ils sont sacrément chanceux de n’avoir qu’à se plaindre de celui qui prend leur place de parking. Les contes noirs du chien de la casse relatent sobrement, en noir et blanc, l’omerta qui ruine des vies, les gens toxiques, les dérives de la religion ou la politique politicienne avec ses espoirs éphémères. Ce n’est pas amusant, ni tendre, ni vraiment surprenant, mais ça aide à comprendre. Avec un crayonné gras, minimaliste mais expressif, Remedium livre une composition poétique par le ton, d’une réalité qui bafoue les droits de tous par la rudesse et la bêtise qui la nourrissent. Un bel album à mettre entre toutes les mains qui savent apprendre. Idéal en salle de classe, donc, mais aussi à la maison pour relativiser les avis si souvent tranchés.