L'histoire :
Arnaud se souvient de son enfance, en particulier du jour où son grand-père avait demandé à son oncle de lui fabriquer une pancarte qui pourrait servir d'avertissement : « Attention, chien méchant ». Un pauvre bougre du village venait d'être mordu parce qu'il était rentré dans le corps de ferme sans s'annoncer. Il voulait juste un renseignement. Faut dire que Gaston, c'était un vrai chien de garde. Un berger allemand croisé avec un chien-loup. Il était là, attaché par une chaîne et veillait sur la cour. Pour rejoindre les pièces de vie situées à l'étage, Arnaud et ses frères rasaient les murs. Il faisait peur, ce chien. Aujourd'hui, il peut monter et descendre sans angoisser, ça fait bien longtemps que Gaston a quitté notre monde et que la ferme est vide. Les trois pièces servent à entasser des meubles de peu de valeur qui s'accumulent au fil des ans. C'était il y a 25 ans, à 30 km de Lyon. A une époque où toutes les routes n'étaient pas encore goudronnées, où les maisons n'étaient pas clôturées et où, de la fenêtre de sa chambre, il ne voyait que des champs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quoi de plus épanouissant pour des parents que de constater que leurs mômes sont heureux ? Et quoi de plus structurant pour un petit bonhomme que d'être conscient que son enfance est belle ? Un air de paradis, c'est le récit des souvenirs d'été d'Arnaud Quéré, quand toute sa famille se réunissait dans la ferme et autour des grands-parents. Et puis après, on devient grand, on perd ses ancêtres, on assiste à la vieillesse de ses parents et on projette que ce sera notre tour en voyant la progéniture grandir. C'est peut-être (on dit bien peut-être) ce qui a motivé le graphiste de formation à rouvrir son coffre à trésors, qui se situe entre le cœur et l'âme, qu'on devine généreux. Alors tous ces souvenirs seront une puissante évocation pour ceux qui ont eu une chance comparable de pouvoir faire d'une campagne le théâtre des aventures de leur enfance. Si la magie de l'enfance devait trouver un grimoire, ce livre pourrait y prétendre. Les champs deviennent un terrain de jeux sans limite et l'apprentissage de la taille des branches de noisetiers, pour faire des arcs, permet de choisir d'être un chevalier ou alors un indien. Tous ces jeux et ces journées qui filaient à toute vitesse... L'auteur choisit volontairement un graphisme très simple, qui se rapproche des dessins des enfants, avec des couleurs pastel. Il rend également un hommage appuyé à sa région car c'est un « gone » et il en profite aussi pour livrer un portrait de la ruralité éloignée d'une demi-heure de la métropole lyonnaise, il y a 25 ans. Ses grands-parents tenaient une ferme, mais également un débit de boisson qui réunissait chaque dimanche bon nombre d'amis. C'était la fête dans cette campagne, même si les chasseurs y étaient avant tout des consommateurs invétérés de rouge ! Et ce qu'il met en avant tout le long du récit, c'est la bienveillance des adultes à l'égard des petits. Un air de paradis porte bien son titre et il vous amènera un bien bel air frais, de quoi retrouver, le temps de sa lecture, une enfance caractérisée par l'insouciance. De quoi retrouver des yeux d'enfant...