L'histoire :
Emil Zatopek nait le 19 septembre 1922 à Koprivnice, une ville industrielle de Tchécoslovaquie, au sein d’une fratrie de six frères et une sœur. Ils habitent une maisonnette de deux pièces, dont une sert d’atelier à leur père menuisier. Ses parents sont obsédés par la tuberculose, aussi voient-ils d’un très mauvais œil lorsque Emil court en ville, jusqu’à s’époumoner. A 15 ans, Emil rentre comme apprenti chez Bata, la gigantesque usine de chaussures. Il intervient sur une chaine de production, au rythme d’une botte toutes les 6 secondes… une cadence infernale. Evidemment, durant cette période, il n’a guère le temps ni l’énergie de faire le moindre sport. Pourtant, son patron l’inscrit d’office aux foulées de Zlin, une course de fond, où il espère voir briller les ouvriers de son usine. Emil tente de s’en faire réformer… en vain. Rien que pour faire la nique à son patron, il tente donc de la remporter. Sans entrainement, il finit deuxième ! Il est ainsi repéré par le docteur Haluza, l’un des meilleurs coachs sportifs, qui va l’enjoindre à se mettre sérieusement à l’athlétisme. Sa devise : il est préférable de courir 10 fois 200 mètres à fond, que de s’épuiser sur 2 kilomètres en une seule fois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a que les anciens, les experts en athlétisme et les expatriés tchèques pour connaître Emil Zatopek. Et pourtant, quand on évoque son nom, cette figure de l’athlétisme olympique fait office d’extraterrestre. Imaginez un peu : déjà doublement médaillé aux JO de Londres en 1948, ce coureur de fond réussit l’exploit d’obtenir 3 médailles d’or à Helsinki en 1952 : aux 10 000m, au 5 000m et au marathon ! Pour comprendre l’origine de cette performance jamais reproduite depuis lors, voici un extrait d’une de ses interviews : « C’est à la frontière de la douleur et de la souffrance qu’un garçon devient un homme »… CQFD. Cette biographie montre en effet les séances d’entrainement aussi hallucinantes qu’insolites (courir à fond en retenant sa respiration) que s’infligeait le tchèque, à s’en faire vomir. Elle montre aussi que ce comportement extrême sur le terrain sportif s’accompagnait d’un caractère d’une incroyable rigidité dans sa vie sociale… capable de faire plier les dignitaires soviétiques, c’est dire ! Au fil de la narration, conventionnellement mise en scène par son compatriote Jan Novak, on suit son enfance, sa carrière militaire, ses passe-temps, son histoire d’amour avec la lanceuse de javelots Dana Zatopkova (qui finit elle aussi par décrocher l’or olympique grâce aux méthodes de son époux). Le dessin de Jaromir 99, lui aussi tchèque, emprunte une veine très stylisée, un dessin encré anguleux complété d’une trichromie en aplats verts et rouges délavés, comme importées d’une BD en relief des années 60 ! Si ce parti-pris est régulier et original, il n’est pas très « agréable » à l’œil… et surtout, on peine souvent à bien distinguer les acteurs (Zatopek, son entrainement, ses camarades…).