L'histoire :
Au sommet d’un immeuble d’affaires, un PDG ventripotent s’affole de la crise qui s’abat sur sa société. Soudain, deux huissiers pénètrent dans son bureau, lui présentant avec un document de recouvrement. Au même moment, sur le trottoir au pied du building, un clochard fait la manche sous une pluie battante, un écriteau « pour manger » à ses pieds. Dans son bureau, le PDG choisit une solution radicale : il se défenestre… et s’écrase sur le clochard, dans un bain de sangs entremêlés.
Attablés sans leur living-room, des parents s’inquiètent de l’orientation sexuelle de leur fiston, qui se complait à défiler de manière distinguée avec les bottes de maman. Catastrophés, ils montent dans sa chambre pour tenter de rattraper le coup… Ouf ! Ils sont aussitôt rassurés lorsqu’ils voient leur fils chéri faire le salut nazi devant un drapeau nazi.
Dans un grenier, un homme retrouve une antique photo de classe et se remémore son vieux pote d’antan, dont il n’a plus aucune nouvelle depuis trop longtemps. Aussitôt, il scrute le web et retrouve sa trace. Il l’appelle et lui donne rendez-vous pour boire une bière. Hélas, quand celui-ci débarque, ce n’est plus tout à fait le même…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Coucou tristesse se présente comme un recueil grand format de gags en une planche, sans le moindre texte… si tant est que l’on peut appeler « gag » cette accumulation de situations contemporaines, indépendantes, éclectiques, d’une ultime cruauté, d’un cynisme jubilatoire ! Sur un dessin spontané, juste et aiguisé de Baron Brumaire, Sergio Salma met en scène sous l’angle du sadisme tout un tas de petits travers de nos comportements, un peu comme le lépreux rongerait ses croutes : ça fait mal, mais ça fait du bien. A partir du fil rouge du cynisme, les auteurs varient les contextes et les ressorts comiques : non sens, satire, moquerie, méchanceté pure… mais en général c’est toujours finaud. Tantôt, ils évoluent très loin du politiquement correct (ex : un chef SS enfile, le soir venu, le même pyjama que ses « pensionnaires » du jour). Tantôt, ils mettent brillamment en lumières nos paradoxes éhontés (ex : une vieille bourge-catho méprise les musulmanes voilées qu’elle croise en ville, avant de se prosterner dans une Eglise devant une statue de la vierge… voilée). Ce recueil « à l’usage de ceux qui sourient à l’adversité, parce que c’est l’ultime politesse » (Didier Tronchet) comblera évidemment de triste bonheur les amateurs d’humour le plus noir…
