L'histoire :
Un couple s’est mis sur son 31 pour se payer un resto chic… et pour cause : le monsieur a un genou au sol, et une belle bague dans une petite boîte noire, qu’il offre à sa dulcinée. Pourtant celle-ci se gausse de rire : « Ha ha ha ha, quel quiproquo ! Non, c’est au serveur qui me proposait de l’eau que je disais oui… ».
Deux djeunz papotent dans une boîte de nuit, un gobelet en plastique à la main. L’un expose à l’autre son nouveau plan séduction, en deux temps : « Phase 1, comme les filles adorent les gays, je lui dis que je suis homo. Rassurée, elle me parle, on rigole et elle se rapproche de moi avec confiance. Phase 2 : je lui dis que je ne suis pas gay, et je prends mon râteau comme d’habitude… »
Un tout petit piaf bleu hurle à s’époumoner sur les pattes de sa voisine, du type cigogne ou héron gigantesque : « Non, je ne peux pas me satisfaire d’une vie sexuelle qui se résumé à te caresser les pieds ! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En quelques sortes, Faut qu’on parle est un recueil de « mono-strips ». C'est-à-dire une succession de dessins d’une seule case pleine page, dialoguées ou commentées en dessous, imaginées par Hélène Bruller, et mettant en scène des situations embarrassantes, corrosives et/ou désopilantes. Gaffes, mots d’enfants, incompréhensions, remarques cinglantes… Bruller a le chic pour saisir les aspérités de notre époque et les faire vibrer à l’unisson de nos zygomatiques. L’auteure n’hésite pas à faire dans le scato (les aliments qui papotent dans le rectum), le gore (y’a qu’à voir la couverture), le répugnant (le pseudo bradpittdeparis) et elle y va franco (trop franco ?) dans les considérations sexuelles. Cette remarque mise à part, reconnaissons lui un réel sens de la situation en one-shot, un talent indubitable pour relier une unique scène caricaturale avec une sentence délectable. Le trait de dessin est humoristique et souvent stylisé, avec des attributs physiques qui interviennent comme une signature (les nez systématiquement en serpentins). Il n’en demeure pas moins soigné et réalisé à 100% à la gouache, avec de jolies couleurs. Pour la petite histoire, Hélène Bruller est aussi madame Zep (la belle-mère de Titeuf, quoi), ce qui explique peut-être aussi la considération éditoriale de ce grand format cartonné et épais…