L'histoire :
L’ombre aux tableaux : Arthur Cornier, artiste peintre quinquagénaire sans le sou, abandonne aussi discrètement que définitivement son appartement, dont il n’a plus les moyens de payer le loyer. Il emporte avec lui quelques fringues dans une valise et ses 3 dernières toiles, qu’il ne parvient pas à vendre. Par un concours de circonstance, un clochard « ami » les refourgue, sans son consentement, pour 400 francs, à la propriétaire d’une galerie d’art un peu fêlée du bocal. Celle-ci fait alors croire à son entourage que ces toiles sont l’œuvre d’un peintre américain en vogue et qu’elles valent une fortune…
Bonbon piment : C’est la quille pour les membres d’un régiment militaire : demain, ils quittent l’île de la Réunion pour rentrer sur Paname. L’un d’eux abandonne sa petite indigène, Juliette, sans scrupule et sans tenir sa promesse de la ramener en métropole. Mais rapidement, une fois en France, il a des vertiges récurrents… une maladie tropicale ?
Le jeu des animaux : Sur un littoral brésilien, le chasseur de crabes Pierre aime sa belle Sévérina, et il semble que ce soit réciproque. Pourtant, celle-ci entretient une étrange relation mystique avec l’océan…
Maï Pen Raï : Georges Vanier est en Thaïlande, où il a « acheté » son mariage avec une autochtone. Il y sympathise malgré lui avec un autre français venu faire du tourisme sexuel et qui le revendique ouvertement. Il va alors faire une rencontre inattendue et lourde de conséquences…
Le pélican : Le jour où leur immeuble flambe entièrement, un veilleur de nuit, Franck, propose à un jeune voisin, Lhoste, de venir habiter chez « sa sœur ». Lhoste va se retrouver piégé dans un appartement sordide, en compagnie d’un personnage sulfureux. En bas de chez lui, se trouve une brasserie, le Pélican, où se trouve en permanence un aréopage de marginaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les bas-fonds de Paris, un littoral Brésilien, l’île de la Réunion, la Thaïlande… Dans cet épais recueil de 5 histoires signées Jean-Claude Denis, les lieux sont variés, tout autant que les sujets. Il est souvent question de relations hommes-femmes, mais la thématique commune est « la rencontre », au sens large, et l’assurance qu’elle peut prendre parfois des détours surprenants. Pour inaugurer le recueil, le premier et principal récit, L’ombre au tableau, résonne comme une petite satire sur l’art contemporain (serait-ce la communication qu’on lui concède et non le talent abstrait et subjectif de l’artiste, qui en fait la valeur ?). cette histoire s’avère sans doute la plus cohérente et aboutie de toutes. Les 3 historiettes suivantes racontent des histoires d’amour tourmentées, en trois zones tropicales de 3 continents differents, sous forme de contes sentimentaux plus aigres que doux… Enfin, le dernier long récit, le Pélican est aussi sans doute le moins convaincant ou le plus déroutant, avec sa cohorte de personnages décalés, son atmosphère sordide, à la frontière de la démence, son propos aussi décousu qu’imprévisible et difficile à cerner. Autre constante dans ces 5 histoires initialement publiées entre 1991 et 1994 chez Albin Michel (en 3 one-shot séparés) : l’élégance d’un dessin détaillé, d’une grande lisibilité, toujours impeccablement rythmé.