L'histoire :
En mai 2007, Nicolas Sarkozy remporte l'élection présidentielle française. Dans son bureau, un écrivain déprime car il n'est pas dupe des belles promesses et connait le caractère de l'homme. Aussi décide t-il de témoigner en comparant les ambitions mégalomanes du président nouvellement élu à la destinée de Napoléon Premier, dit le petit. Tout d'abord, il présente le bréviaire des courtisans, c'est à dire la composition de la cour entourant le chef d'état. Du duc de Sablé (François Fillon) au comte d'Orsay (Bernard Kouchner) en passant par le cardinal de Guéant. En marge d'un discours de Dakar insultant, de visites de chefs d'état étrangers (parfois gênantes) et de « visiteurs du soir » (parfois étonnants), les premières semaines sont surtout marquées par la séparation de l'impératrice Cécilia et de l'empereur. Puis un jour, à Disneyland, on le repère en train de flirter avec une belle princesse étrangère (Carla Bruni). La belle histoire d'amour se médiatise et un mariage s'annonce, ce qui n'empêche pas l'empereur de poursuivre ses réformes, ses discours et ses visites...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le quinquennat exercé par Nicolas Sarkozy aura vu le registre éditorial de la BD politique exploser littéralement. Et à l'approche de l'élection présidentielle de mai 2012, les éditeurs tirent même leur bouquet final. Sur ce crédo du pamphlet bédéssiné, Patrick Rambaud (de l'académie Goncourt) fait sans doute partie des critiques les plus ardents envers le président. A travers cet ouvrage à l'édition luxueuse (grand format, couverture cartonnée soignée), il signe en effet un pamphlet particulièrement virulent contre le style Sarkozy, en relatant les 3-4 premières années de son « règne » à la tête de l'état français. Ici, l'axe caricatural appliqué à Sarkozy et à sa « cour » est calqué sur le Premier Empire, à l'époque tant décrié par Victor Hugo... dont un texte en quatrième de couverture est étonnant de transversalité. Dans sa manière de gouverner la France, de composer ses ministres et conseillers, de manœuvrer entre le peuple et les puissants, de gérer sa famille, de réagir à chaud à l'actualité dans des élans populistes, Sarkozy est à chaque fois comparé à Napoléon 1er. Sous la plume de Rambaud, le verbe est élégant et la critique acerbe. En revanche, il manque clairement le souffle séquentiel qui permettrait de donner rythme et cohérence à l'exercice. En dehors de tout parti-pris, reconnaissons que Rambaud se fait essentiellement plaisir (et ravit évidemment les anti-sarkozystes) à travers une œuvre exutoire non dénuée d'un zest de suffisance (se comparerait-il à Victor Hugo ?). Dans un style graphique crayonné qui va du réalisme pur au semi-réalisme humoristique, Olivier Grojnowski joue quant à lui diversement de la caricature, la plupart du temps avec beaucoup de talent et de réussite. Les personnages sont à la fois très proches de la réalité et expressifs. Quelques morceaux de bravoure – tel le détournement du sacre, célèbre tableau de David – resteront longtemps en mémoire...